par Debaise, Didier ;Stengers, Isabelle
Référence Multitudes, 85, page (129-137)
Publication Publié, 2022-01-01
Référence Multitudes, 85, page (129-137)
Publication Publié, 2022-01-01
Article révisé par les pairs
Résumé : | Nous avons, dans cet article, tenté de reprendre à notre compte l’intriguant diagnostic que faisait William James des modernes : ils se définiraient par leur peur d’être dupes. Qu’il s’agisse d’attachements irrationnels, d’intérêts subjectifs, de croyances infondées, de l’univers lui-même qui peut à chaque moment nous égarer, les modernes seraient ceux qui ne cesseraient de rompre avec ce qui, jugé trompeur ou séducteur, les exposerait à ce qui est, pour eux, synonyme de perdition. Comment résister à la séduction des apparences, mais aussi à ceux, charlatans, imposteurs, qui joueraient de cette séduction pour nous duper ? Comment éduquer un public qui ne cesserait de se laisser piéger ? Ce qui nous parait si fondamental dans le diagnostic de James, c’est qu’il fait de la « peur d’être dupe » l’élément central des rapports que les modernes entretiennent avec leur histoire (enfance qu’il s’agit d’amener à sa maturité), leurs milieux (la nature dont il faut continuellement se distancier) et leurs relations aux autres (ceux qui croient encore, là où nous savons). Nous avons donc cherché dans cet article à établir les traits et les effets de cette « peur d’être dupe », en tant qu’elle définirait l’attitude des modernes, et nous lui avons opposé ce que nous avons appelé une « écologie de la confiance ». |