par Zienkowski, Jan ;Dufrasne, Marie;Derinöz, Sabri ;Patriarche, Geoffroy
Référence Colloque Org&Co 2019: Le côté obscur de la communication des organisations (28/03/2019 au 29/03/2019: Université Bordeaux Montaigne)
Publication Non publié, 2019
Communication à un colloque
Résumé : Le monde du travail de bureau est en train d’être transformé par un dispositif techno-managérial souvent appelé NWOW (New Ways of Working). NWOW fait généralement référence à: (1) des modalités de travail flexibles dans l’espace et dans le temps, telles que le télétravail, les bureaux partagés et le coworking; (2) stratégies de gestion participative; (3) reconfigurations organisationnelles telles que des équipes autogérées; et / ou (4) l'intégration des technologies de l'information et de la communication dans les pratiques de travail quotidiennes (Taskin, Ajzen et Donis, 2017, p. 69). Cependant, aucune de ces pratiques n'est nouvelle à proprement parler (voir van Meel, 2011). L'appareil NWOW est censé remodeler la nature du travail de bureau ainsi que les subjectivités de ceux qui l'exercent (Bührmann & Schneider, 2008). Les NWOW sont souvent présentés comme un moyen de réduire les coûts et d’accroître l’efficacité ou la productivité de l’organisation, mais le discours des gestionnaires et des consultants décrit NWOW comme un bouleversement culturel visant à concrétiser des valeurs telles que l’autonomie, la créativité, la flexibilité, la collaboration, une orientation vers des résultats, et la confiance (Hambye, Mariscal et Siroux, 2013, p. 98; Taskin, Ajzen et Donis, 2017, p. 72). Tandis que certains auteurs soutiennent que la nouveauté de la "vraie" NWOW réside dans une "philosophie de gestion" visant à démocratiser les régimes de travail en transformant le travailleur de bureau en une entité plus autonome, collaboratif, flexible et confiant (Taskin et al., 2017, p. 69), nous estimons que les "vrais" NWOW n'existent pas en tant que tels. Il existe en effet un discours prototypique de NWOW articulé par des sociétés de conseil et des sources d'autorité de gestion. Cependant, le discours de NWOW change en fonction de la manière spécifique dont les acteurs sociaux articulent ses éléments en fonction de logiques de gestion interprétatives bien spécifiques (Glynos & Howarth, 2007). Dans cet article, nous nous concentrerons sur les divergences entre la rhétorique officielle de NWOW trouvée dans les documents et les directives organisationnels, d’une part, et les logiques d’interprétation utilisées par les employés de bureau qui donnent un sens aux changements liés à la NWOW dans les organisations publiques et privées, d’autre part. Nous nous intéresserons plus particulièrement aux manières ambiguës dont les employés de bureau se positionnent par rapport aux pratiques discursives de NWOW. Nous fournissons une analyse des types de critiques visant NWOW tout en tenant compte des silences qui restent. Pour ce faire, nous effectuons une analyse de discours. Nous analysions des documents et des données d’interviews recueillies dans cinq organisations belges impliquées dans le passage à NWOW. Notre analyse qualitative s'appuie fortement sur le concept de logique tel qu'il a été développé dans le cadre poststructuraliste de l'école d'Essex de l'analyse théorique du discours (Glynos & Howarth, 2007; Zienkowski, 2017). Le concept de logique fait référence à une régularité discursive qui fournit une cohérence interprétative pour l'articulation d'un ensemble complexe de positions de sujet, d'énonciations, de normes, de valeurs et de pratiques. Nous avons identifié quatre logiques de gestion dans nos entretiens avec des employés de bureau d’organisations publiques et privées en transition vers la NWOW. Les logiques managériales visent à aligner les subjectivités des travailleurs sur les valeurs, les objectifs, les missions et les intérêts de l’organisation. Nous avons identifié une logique de gestion néolibérale dominante qui sert de point de référence pour les adhérents et les critiques des pratiques de la NWOW. De plus, nous avons isolé une logique managériale «humaine», une logique participative, une logique pseudo-participative et une logique d’intérêt public structurant les interprétations de nos interlocuteurs. En comparant le fonctionnement de ces logiques dans les données de nos entretiens avec la manière dont le discours de gestion idéal-typique est articulé dans les documents produits par les sources organisationnelles d'autorité, nous essayons de faire la lumière sur le côté sombre d'un discours NWOW autrement célébré. Mots-clés: Nouvelles méthodes de travail (NWOW), logiques d'interprétation, analyse de discours Bührmann, A. D., & Schneider, W. (2008). Vom Diskurs Zum Dispositiv: eine Einführung in die Dispositivianalyse. Bielfeld: transcript Verlag. Glynos, J., & Howarth, D. (2007). Logics of critical explanation in social and political theory. London: Routledge. Hambye, P., Mariscal, V., & Siroux, J.-L. (2013). Le capitalisme neo-libéral et la réalisation de soi par le travail. In H. Buclin, J. Daher, G. Christakis, & P. Raboud (Eds.), Penser l’émancipation : offensives capitalistes et résistances internationales (pp. 87-109). Paris: La Dispute. Taskin, L., Ajzen, M., & Donis, C. (2017). Chapter 5: New Ways of Working: from smart to shared power. In V. Muhlbauer & W. Harry (Eds.), Redefining management: smart power perspectives (pp. 65-79). Cham: Springer. van Meel, J. (2011). The origins of new ways of working: office concepts in the 1970s. Facilities, 29(9), 357-367. Zienkowski, J. (2017). Articulations of self and politics in activist discourse: a discourse analysis of critical subjectivities in minority debates. Cham: Palgrave Macmillan.