Résumé : Les huiles essentielles (HE) possèdent une composition chimique complexe. Un grand nombre de références démontrent leurs activités biologiques in vitro, parmi lesquelles l’activité antibactérienne. Toutefois, un frein à l’utilisation des HE en thérapeutique EBM (Evidence-Based Medecine) est notamment la variabilité de la composition chimique présente au sein d’une même espèce, d’un lot à l’autre.Compte tenu du manque de robustesse chimique des produits vendus dans le commerce, ce travail cherche à rationnaliser ces produits d’usage courant. Dix huiles essentielles commercialisées par Pranarôm (HE-C) ont été sélectionnées pour des développements menant à la standardisation de produits antibactériens. L’originalité du projet repose sur la mise en place d’un procédé de transformation des HE-C permettant d’évaporer leur partie la plus volatile de manière contrôlée. L’objectif sous-jacent est d’examiner l’impact de la transformation sur les activités antibactériennes de ces dix HE.Tous les résultats exploitables à des doses non-cytotoxiques ont été obtenus sur des souches à Gram-positif. Notre travail s’est essentiellement focalisé sur l’activité indirecte car il s’agit ici, de rétablir l’activité des antibiotiques existants pour lesquels les souches ont développé des résistances. Cinq HE ont démontré une activité antibactérienne indirecte (en association avec la pénicilline V) sur une souche Staphylococcus aureus résistante à la méticilline (MRSA) et ce, à des concentrations non cytotoxiques (activité in vitro évaluée sur deux lignées cellulaires humaines). Dans le cas de l’HE d’ajowan, l’évaporation de 3 jours a même permis d’augmenter l’activité de la pénicilline V sur une souche MRSA à une concentration proche de celle observée sur la souche sensible. Cette HE est un exemple clé de l’intérêt du procédé de transformation pour mettre en évidence le composé majoritairement responsable de l’activité, le thymol.Réussir à standardiser la composition chimique des HE, tout en mettant en valeur ses composés actifs, permettrait d’avancer plus vite vers le développement de produits thérapeutiques combinant une HE transformée et un antibiotique, pour lutter contre l’antibiorésistance.