Résumé : Depuis le milieu des années 1990, des Lao de France (exilés à la suite des événements politiques de 1975) mettent en œuvre des projets « humanitaires » dans leur pays d’origine. Constitués en associations, ils construisent des bâtiments scolaires, et distribuent vêtements, matériel médical et ordinateurs dans des villages laotiens. Les activités transnationales à vocation philanthropique peuvent être envisagées comme des formes de transfert. Cette thèse propose alors d’analyser les caractéristiques de ces transferts à travers le prisme des théories du don. Ce cadre théorique permet d’interroger les intentions des acteurs et leur perception de ce qui est donné, reçu, et rendu, dans le cadre de la mise en œuvre de leur « don transnational ». L’analyse des logiques de réciprocité et des manifestations de reconnaissance met en lumière les effets de l’aide apportée sur les relations entre donateurs et donataires. A partir de ce cas, cette thèse vise à contribuer à l’anthropologie des migrations en ouvrant de nouvelles perspectives sur la manière dont les immigrés tentent de créer et/ou de nourrir des relations avec leur pays d’origine sur le long terme.
Since the mid-1990s, Lao people from France (who went into exile following the political events of 1975) have implemented "humanitarian" projects in their country of origin. Having formed aid groups, they build schools and distribute clothes, medical equipment and computers in Laotian villages. Transnational philanthropic activities can be seen as forms of transfer. This research analyzes the characteristics of these transfers through the prism of gift theories, to question actors’ intentions and perceptions of what is given, received, and returned, in the context of the implementation of their "transnational gift". Through the analysis of logics of reciprocity and of expressions of recognition, the effects of this aid on relationships between donors and recipients are highlighted. Based on this case study, this research contributes to the anthropology of migration by yielding new insights into the ways in which immigrants attempt to create and/or nourish relationships with their country of origin over the long term.