par Masquelier, Juliette
Référence Archives de sciences sociales des religions, 194, page (91-110)
Publication Publié, 2021-10-30
Article révisé par les pairs
Résumé : En se basant sur l’étude de deux organisations de pastorale familiale impliquant des couples laïcs (le Centre national de pastorale familiale et la revue Feuilles Familiales) et d’une organisation d’Action catholique féminine spécialisée (les Ligues ouvrières féminines chrétiennes), cet article examine l’élaboration et la diffusion en Belgique francophone dans les années 1960 d’une morale conjugale catholique basée sur l’intention des époux·ses et ouverte à la contraception. Il montre comment cette proposition pastorale, opérant une sécularisation de l’intime, a favorisé des attitudes de contournement de l’encyclique Humanæ Vitæ (1968), mais aussi comment elle a permis de limiter certaines sorties dureligieux en revendiquant une catholicité distanciée des prescriptions morales cléricales en matière de sexualité. Dès le début des années 1970, cette contrenorme catholique devient la base d’une éthique familialiste de la contraception diffusée par des organisations catholiques à l’échelle nationale grâce au soutien de l’État, dans un contexte de mobilisation contre l’avortement.