Résumé : Cette thèse de doctorat porte sur l’étude du rôle des îles artificielles dans la gouvernance des Etats autoritaires rentiers du Golfe depuis leur construction en 2001, principalement à Bahreïn. Cela a pour objectif de montrer la restructuration du pouvoir à l’aune de la privatisation du territoire étatique. L’exceptionnalisme juridique et spatial des espaces artificiels renvoie autant à la dimension économique globale qu’à la dimension politique interne. Il s’agit de montrer comment des nouveaux modèles de sociétés et de nouvelles reconfigurations du pouvoir émergent à travers la fragmentation du système institutionnel et de l’espace urbain d’un Etat rentier autoritaire. Pour ce faire, nous utilisons la méthode dite des TAR de Saskia Sassen : nous insérons les îles artificielles dans l’histoire longue du capitalisme mondial et des territoires urbains. Nous en étudions l’évolution des autorités les régissant ainsi que du droit qui les encadrent. L’étude de cas d’Amwaj Islands, première île artificielle de Bahreïn, avec, en particulier, le suivi de l’association des propriétaires de Tala Island (à Amwaj Islands), apporte un éclairage précis sur la gouvernance appliquée aux îles artificielles, c’est-à-dire, une reformulation du système de kafalat, l’émergence d’une forme de participation politique privée des étrangers ainsi que d’un nouveau modèle de gouvernance qui passe par le morcellement du territoire urbain en zones privatisées.