Résumé : Dans le contexte des départs de (jeunes) de Belgique vers la Syrie et de l’effroi suscité par la vague d’attentats de 2014, 2015 et 2016, les différents niveaux de pouvoir ont déployé un assortiment d’instruments allant de la prise de mesures sécuritaires anti-terroristes et de la mise sur pied de plateformes de partage d’information entre services, jusqu’à la création d’outils de prévention et de prise en charge des individus identifiés comme radicalisés. Dans le cadre de ses compétences – en matière d’enseignement, d’aide à la jeunesse, de culture, de sport, et de maison de justice -, la FWB a, depuis janvier 2015, progressivement développé un « Réseau de prise en charge des extrémismes et radicalismes violents ». Faisant l’objet d’une circulaire du gouvernement de la FWB et doté d’un budget annuel de 1.662.000 € en base annuelle, ce Réseau s’est constitué à travers la mise en place de deux centres opérationnels, le Centre de ressource et d’appui (CREA) et le Centre de prise en charge des personnes concernées par les radicalismes et les extrémismes violents (CAPREV), d’une ligne verte d’information, d’écoute et d’orientation, des référents radicalisme au niveau des administrations générales et au sein des secteurs de la FWB, en particulier au sein des équipes mobiles de l’enseignement - et la constitution de 3 comités, stratégique, d’experts et de concertation, qui forment les instances de pilotage et de concertation du dispositif « Réseau ». En matière de prévention « primaire » (générale), outre son travail d’appui au Réseau, le CREA – service transversal attaché au secrétariat général de la FWB et constitué de 3 ETP - propose un ensemble d’outils destinés à répondre aux besoins et questionnements des professionnels des secteurs de la FWB : modules de formation sur les thématiques de la radicalisation, site d’information, appui à la mise en place et à la diffusion d’animations avec les publics – essentiellement avec des élèves et des jeunes de l’Aide à la jeunesse. En pratique, depuis 2017, plus de 2400 élèves et 115 jeunes en IPPJ ont bénéficié d’une animation, près de 4000 élèves ont assisté à une représentation théâtrale (« Lettre à Nour », « Radicalement vôtre »), 153 professionnels des secteurs de la FWB ont participé à des journées de sensibilisation, tandis qu’une centaine de professionnels ont participé aux divers programmes de formation proposés par le CREA : 3 modules d’une formation-pilote à la gestion de la diversité convictionnelle, 4 journées autour de la problématique du complotisme qui ont réuni 350 participants. En outre, 21 « modules de sensibilisation » ont été organisés auprès d’acteurs de première ligne dans le but de les accompagner dans une démarche de prévention de la radicalisation. Ciblé sur le suivi de situations particulières et de demandes individuelles, le CAPREV – localisé au sein de l’Administration Générale des Maisons de Justice, dont le cadre, actuellement de 12 ETP, prévoyait l’engagement de 17 ETP - vise à d’une part à « apporter des réponses aux demandes d’assistance des proches d’individus radicalisés et aux besoins de conseils de professionnels qui les accompagnent », et d’autre part, à offrir un accompagnement individualisé et personnalisé en matière de parcours de « désengagement » d’individus identifiés comme radicalisés – et qui peuvent avoir un parcours judiciaire et carcéral - afin de prévenir leur éventuelle récidive. En pratique, 149 dossiers ont été ouverts entre janvier 2017 et le mois de mars 2019, et 88 faisaient encore l’objet d’un suivi actif au 20 mars dernier. Parmi les 88 dossiers, 31 suivis se font en maisons de justice, 40 en établissements pénitentiaires (ou centres fermés), 4 sont en post IPPJ ou concernent des jeunes dessaisis, 4 suivis concernent des professionnels et 9 concernent des proches. Deux colloques annuels ont été organisés par le Réseau en tant que tel, tandis que le numéro d’appel 0800 du Réseau a pour l’année 2018 enregistré 559 nouveaux appels téléphoniques parmi lesquels 38% proviennent de particuliers et 62% de professionnels. L’évaluation rétrospective et prospective de cette action publique visait à en établir une radioscopie et à répondre aux questions de son efficacité, de sa cohérence (interne et externe), de l’adéquation aux besoins du terrain. Méthodologiquement, la démarche d’évaluation s’est basée sur l’analyse des sources secondaires et la réalisation d’entretiens et de focus group avec les acteurs clefs du Réseau, ainsi que sur la réalisation d’une enquête en ligne auprès des professionnels des secteurs de la FWB et portant sur l’identification des problématiques de « vivre ensemble » rencontrées, sur leurs perceptions des besoins pour faire face à ces problématiques, sur leur connaissance et leurs recours éventuels aux offres du Réseau. C’est sur cette base que des pistes et recommandations ont été dégagées.