par Rinschbergh, Francois
Référence Colloque intercongrès du GT21 de l'AISLF. Injustices épistémiques : comment les comprendre, comment les réduire ? (du 07/02/2019 au 08/02/2019: Université de Namur)
Publication Non publié, 2019-02-07
Communication à un colloque
Résumé : De 2016 à 2017, sur une période d’environ six mois, j’ai eu l’occasion de participer (en tant qu’observateur participant) aux activités hebdomadaires d’un atelier-théâtre situé dans un quartier populaire proche du centre historique de Bruxelles. Fréquenté par des jeunes âgés de 15 à 20 ans, l’atelier rencontre un certain succès, entre autres du fait de s’adresser à un public spécifique – l’animateur de l’atelier aime à présenter son association par la formule : « On est jeune, on est bruxellois, on est musulman » – et de travailler avec ce public à partir de ce qu’il est de ce qu’il vit au quotidien. Cette démarche répondrait ainsi à une demande et surtout, permet à l’animateur de travailler dans la perspective émancipatrice que propose le « théâtre de l’opprimé » imaginé par A. Boal dans les années 70 (Coudray, 2018). D’atelier en atelier, il s’agit moins de « faire œuvre » (ibid.) que de passer par un processus de réflexion collective autour de diverses histoires d’injustices vécues de manières individuelles, mais qui pourtant, sont bien souvent collectives. C’est en tout cas cette mission « d’ouvrir une brèche dans le mur des inégalités » (McAll, 2017) – et des injustices qui les accompagnent – que se donne l’animateur en travaillant dans la perspective d’une revalorisation identitaire, passant notamment par tout un travail de relégitimation du langage (Cormont, 2018) utilisé par les jeunes de l’atelier. C’est sur ce dernier élément qu’insistera plus particulièrement la présentation proposée, éclairant les observations de terrain qui ont été menées à la lumière de la notion d’« injustice épistémique » et, plus précisément, en ancrant notre propos dans l’axe 4 du colloque (« résistance et justice épistémique »), présentant l’atelier-théâtre comme un espace de requalifications symboliques destiné à permettre une certaine revalorisation de la « capacité de penser et nommer le monde » présente chez ces jeunes, même si ces derniers viennent parfois « seulement » chercher un « simple » lieu de répit. Références citées (ordre d’apparition dans le texte) : - Coudray S. (2018), « La radicalité politique du théâtre de l’opprimé », revue Période [en ligne], http://revueperiode.net/la-radicalite-politique-du-theatre-de-lopprime/ - McAll C. (2017), « Des brèches dans le mur : inégalités sociales, sociologie et savoirs d’expérience. Sociologie et sociétés, 49(1), 89–117. - Cormont J. (interviewé par Berthier A.) (2018), « Se réapproprier sa propre langue pour s’émanciper. Entretien avec Jessy Cormont », Agir par la culture, 54(été 2018), 20-21.