Résumé : Si le miroir en bronze apparaît dans le pourtour méditerranéen au IVe mill. av. J.-C., les groupes culturels égéens ne semblent l’adopter que tardivement par rapport aux régions limitrophes (vers 1600 av. J.-C.) avec lesquelles ils ont pourtant tissé des liens étroits régulièrement matérialisés par l’introduction de produits manufacturés. L’objet de cette thèse est l’étude des miroirs en bronze et de leurs usages durant le deuxième millénaire (âge du Bronze récent) en Grèce et dans ses îles. Des références aux productions limitrophes (Sardaigne, Sicile, Chypre) sont également considérées dans le cadre d'une histoire générale du miroir protohistorique en première partie.L'analyse prend également en compte le contexte et le mobilier associé quand ceux-ci sont documentés. Ces découvertes, majoritairement réalisées dans des ambiances sépulcrales, offrent des pistes de réflexion sur le statut fonctionnel qui leur était accordé et qui restait méconnu : accessoire du package cosmétique ? instrument lié à des pratiques funéraires particulières ? à des codes de représentation sociale ? Alors qu’aucun miroir de production égyptienne ou mésopotamienne ne semble avoir franchi l'Égée avant le VIIIe s. av. J.-C., les résultats de l’analyse montrent clairement l’adoption locale de traits méridionaux sous forme d’emprunts iconographiques (sphinx, génie, etc.). Le savoir-faire (technologique) est, lui, pourtant fondamentalement local, sous la forme d'un système d'emmanchement tout à fait original en Méditerranée. Malgré tout, ce type d’objet reste rare en domaine minoen et mycénien, ce qui soulève des interrogations. Ainsi, à quels phémonènes est lié l’usage du miroir ? Malgré un corpus demandant à être enrichi par des fouilles non publiées (La Canée, Palaikastro, Zakros, etc.), les miroirs égéens présentent une relative homogénéité techno-stylistique illustrant la diffusion d’un artisanat spécialisé et permettent de proposer une réflexion sur l’existence d’un effet de mode doublé d’un reflet méditerranéen, toutefois exprimé par la résurgence d’un vocabulaire stylistique profondément local.