Résumé : RésuméContexte : Les avortements provoqués sont un problème de santé publique, et cela de par leur fréquence, la survenue de complication, et la mortalité et morbidité qui en découlent. Les décès peuvent ainsi représenter jusqu’à 18% de décès maternels. Très peu des données y relatives sont disponibles pour la RDC, alors que ce pays montre une mortalité maternelle très élevée avec un ratio qui est passé de 546 à 1188 décès maternels pour 100.000 naissances vivantes de 2007 à 2016 malgré l’amélioration de l’accessibilité et de l’utilisation des services de santé maternelle de 2001 à 2014. Objectif : Analyser les complications des avortements provoqués et les effets de l’intégration de la stratégie standard des soins après avortement dans les structures sanitaires de référence de la ville de Kinshasa, capitale de la RDC.Méthodes : L'analyse des complications des avortements provoqués incluait trois études transversales. La première étude a déterminé la prévalence des avortements provoqués et les complications y relatives. La deuxième et la troisième ont analysé les cas de complications des avortements provoqués admis dans les structures sanitaires de référence de Kinshasa du niveau secondaire et tertiaire successivement. Ensuite, l’analyse des effets de l’intégration de la stratégie standard des soins après avortement dans les structures sanitaires de référence de la ville de Kinshasa incluait une étude quasi expérimentale avec un design avant-après-comparatif. En outre, une étude qualitative avait été menée afin de contribuer à produire un modèle des soins après avortement adapté à la ville de Kinshasa.Résultats : Il ressort de nos études que le taux des avortements provoqués en 2015 était de 55 pour 1000 femmes en âge de procréer à Kinshasa, capitale de la RDC, et que la pratique de ces avortements était significativement plus souvent observée chez les femmes célibataires, séparées, ou divorcées, chez celles n’ayant pas étudié ou n’ayant fait que l’école primaire, et chez les consommatrices d'alcool, pour la plupart au moyen de doses élevées de médicaments administrées par les femmes elles-mêmes ou par des agents de santé. Un peu plus de la moitié de ces avortements avaient entraîné des complications, principalement hémorragiques, infectieuses, et traumatiques. Les patientes présentant ces complications représentaient entre 12,4 et 17,3% de l’ensemble des admissions dans les services de gynéco-obstétrique des structures sanitaires de référence du niveau secondaire, et environ 12,2% dans celle du niveau tertiaire. Dans ces structures, la durée médiane d'hospitalisation était de 9 à 10 jours, significativement plus longue pour des patientes ayant subi une intervention chirurgicale pour pelvipéritonite post perforation utérine que pour celles ayant subi une césarienne ou une hystérectomie. De plus, cette durée était significativement plus longue pour des patientes traitées pour d’autres types de complication post-abortive, que celles traitées pour un avortement spontané. Le taux de mortalité lié à ces complications était de 2,3 à 11,3% dans les structures du niveau secondaire, et de 37,8% dans celle du niveau tertiaire.La mise en place de la stratégie standard des soins après avortement dans les structures sanitaires de référence du niveau secondaire de la ville de Kinshasa a significativement amélioré la fréquence de la pratique de l’Aspiration Manuelle Intra-Utérine qui est passée de moins de 25% à 32−82% dans les structures expérimentales (p=0,025) au détriment de dilatation-curetage, ainsi que la durée d’hospitalisation des patientes admises pour une complication d’avortement provoqué (1 jour de moins dans les structures expérimentales, p=0,020). Par contre, elle n’a pas eu d’effets significatifs sur l’utilisation des services relatifs aux complications d’avortement provoqué, la létalité, et l’offre effective de la contraception moderne post avortement.Pour ce qui est des obstacles au succès des interventions qui visent l’amélioration de la prise en charge des complications des avortements provoqués dans les structures sanitaires de référence de la ville de Kinshasa, il y a notamment la culture, les normes sociales préétablies, la défaillance de l’éducation, le manque des moyens financiers, l’automédication, le manque d’un personnel formé, l’indiscrétion dans les structures sanitaires officielles, et les influences des pharmaciens/vendeurs des médicaments, des tradipraticiens, et des certains pasteurs.Conclusion : Les études présentées dans cette thèse ont montré que la pratique des avortements provoqués était fréquente à Kinshasa, capitale de la RDC, et que les complications survenaient dans plus de la moitié des cas, lesquelles complications n’étaient pas correctement prises en charge dans les structures sanitaires de référence et menaient à un décès dans plus de 5% de l’ensemble des cas. Ces études ont, en plus, permis de mettre en évidence une insuffisance des résultats de la stratégie standard des soins après avortement implémentée par le Ministère de la Santé Publique via le Programme National de Santé de la Reproduction, et de proposer une série d’actions de réajustementSummaryContext:Induced abortions are a public health problem because of their frequency, the occurrence of complications, and the resulting mortality and morbidity. Deaths can thus represent up to 18% of maternal deaths. Very little relative data is available for the DRC, although this country shows a very high maternal mortality with a ratio that went from 546 to 1188 maternal deaths per 100,000 live births from 2007 to 2016 despite the improvement in accessibility, and use of maternal health services from 2001 to 2014.Goal:Analyze the complications of induced abortions and the effects of integrating the standard postabortion care strategy into referral health structures in the city of Kinshasa, capital of the DRC.Methods:The analysis of complications from induced abortions included three cross-sectional studies. The first study determined the prevalence of induced abortions and related complications. The second and third analyzed the cases of complications from induced abortions admitted to the referral health structures in Kinshasa at the secondary and tertiary level. Then, the analysis of the effects of integrating the standard postabortion care strategy into referral health facilities in the city of Kinshasa included a quasi-experimental study with a before-after-comparative design. In addition, a qualitative study was carried out to help produce a postabortion care model adapted to the city of Kinshasa.Results:Our studies show that the rate of induced abortions in 2015 was 55 per 1000 women of childbearing age in Kinshasa, the capital of the DRC, and that the practice of these abortions was significantly more observed among single, separated or divorced women, those with no or only primary school education, and among female alcohol users, mostly with high doses of drugs administered by women themselves or by health workers. Just over half of these abortions resulted in complications, mainly hemorrhagic, infectious, and traumatic. Patients with these complications represented between 12.4 and 17.3% of all admissions to the gyneco-obstetrics departments of referral health facilities at the secondary level, and around 12.2% at tertiary level. In these facilities, the median duration of hospitalization was 9-10 days, and this period of time was significantly longer for the patients who underwent surgery for pelvic peritonitis due to uterine perforation compared with the patients who underwent Caesarean section/hysterectomy. Furthermore, it was significantly longer for the patients who were treated for other inducedabortion related complications compared with patients treated for spontaneous abortion. The mortality rate associated with these complications was 2.3-11.3% at secondary level facilities, and 37.8% at tertiary level facilities.The implementation of the standard postabortion care strategy in the referral health facilities at the secondary level of the city of Kinshasa has significantly improved the frequency of the practice of Manual Intrauterine Aspiration, which has gone from less than 25% at 32−82% in the experimental structures (p = 0.025) to the detriment of dilation-curettage, as well as the length of hospitalization of patients admitted for a complication of induced abortion (1 day less in the experimental structures, p = 0.020). However, it did not have a significant effect on the use of services related to induced abortion complications, the lethality, and the effective supply of modern postabortion contraception.Finally, with regard to the obstacles to the success of interventions aimed at improving the management of complications from induced abortions in referral health facilities in the city of Kinshasa, there is in particular the culture, the standards social pre-established, lack of education, lack of financial means, self-medication, lack of trained staff, indiscretion in official health structures, and the influences of pharmacists / drug sellers, traditional healers, and some pastors.Conclusion:The studies presented in this thesis showed that the practice of induced abortions was frequent in Kinshasa, the capital of the DRC, and that complications occurred in more than half of the cases, which complications were not well managed in the referral health facilities and led to death in more than 5% of cases. These studies have, in addition, made it possible to highlight an inadequacy of the results of the standard postabortion care strategy implemented by the Ministry of Public Health via the National Reproductive Health Program, and to propose a series of actions. readjustment