Résumé : Cette étude consacrée aux migrants invisibles offre une histoire sociale du politique, en mêlant les dimensions anthropologique, juridique et économique. Elle contemple des étrangers peu ou pas visibles, les « Français », issus d’une communauté qui n’existe pas en substance. Tout comme les personnes et les groupes avec lesquels ils interagissent, ces migrants sont des acteurs plus ou moins ordinaires, affichant surtout les capacités à agir et à parler à l’époque moderne. Et s’il y a une infinité de manières d’être considérés comme « étrangers », ces migrants ne sont pas systématiquement tenus pour tels dans des provinces de frontière séparant (ou unissant) les Pays-Bas habsbourgeois et le royaume de France. Dès lors, quels sont les mécanismes de définition des individus dans un espace frontalier original relevant de l’empire mondial et composite des Habsbourg, à la croisée des tensions confessionnelles et internationales des XVIe et XVIIe siècles ? À travers cette question, cet ouvrage souligne l’importance de décloisonner des historiographies nationales et de renouveler la méthodologie entre histoire locale et histoire globale, pour une meilleure compréhension des sociétés anciennes.