par Sansterre, Jean-Marie
Référence Revue Bénédictine, 131, 1, page (142-165)
Publication Publié, 2021-06-01
Article révisé par les pairs
Résumé : Le célèbre réformateur et humaniste bénédictin Jean Trithème (Ioannes Trithemius, 1462- 1516) fut amené dans les dernières années de sa vie à défendre les pèlerinages mariaux de proximité et leurs miracles contre les vives critiques dont ils faisaient l’objet. La piété mariale s’allie chez lui à des préoccupations d’ordre matériel attendues d’un abbé appartenant à la congrégation de Bursfelde. L’essentiel à ses yeux, ce qui caractérise le plus nettement les concursus légitimes et répond de façon péremptoire aux fortes critiques de l’époque, réside dans les fondations d’églises et de nouvelles maisons religieuses grâce aux offrandes des pèlerins auxquelles Trithème prête beaucoup d’attention. Ces fondations s’inscrivent dans un schéma courant, mais parfois forcé par Trithème, qui place au départ du processus le pèlerinage suscité par des miracles à une des memoriae de la Vierge, montrant le choix de celle-ci de dispenser ses bienfaits auprès d’une des ses memoriae, points d’ancrage des nouvelles dévotions. Trithème ne s’arrête pas à la nature des memoriae mariales dans une justification des pèlerinages locaux particulièrement développée, mais il n’en adhère pas moins à la croyance aux images miraculeuses avec conviction et modération – il évite toute individualisation locale de la Reine du Ciel. Sans être dotées d’un pouvoir intrinsèque, ces effigies « brillent » de miracles, irradient d’une virtus qui les dépasse et sont parfois investies par le personnage céleste.