Résumé : L’habitat semble de tout temps un indicateur aussi bien qu’un agent du changement culturel dans une société. Présentement, sa production en Algérie s’opère essentiellement sous forme de villes nouvelles qui semblent le produit d’un dogme étatique abordant l’espace à travers une synthèse graphique souvent inattentive aux schèmes de vie des habitants. Tout porte à croire que c’est le cas de Ali Mendjeli, ville nouvelle de Constantine, où se manifestent avec une intensité remarquable des pratiques appropriatives au niveau du cadre habité, censé contester cette logique spatiale, mais également renseigner sur les réactions des habitants à leur lieu de vie. Comme si l’habiter se manifesterait via cet agir, via cette culture spatiale, qui loin de se limiter à une reproduction stéréotypée des gestes du passé, s’exprime par son état caléidoscopique où s’entremêlent aussi bien des exigences sociétales que des désirs personnels, attachements à un vécu antérieur ou aspirations modernes. Au bout de ce préambule apparait une coexistence de registres culturels différents qu’un habiter erratique semble annoncer. En ce sens, l’habitat se révèle tel un terrain où se croisent des inspirations hétérogènes. Tantôt traditionnelles, tantôt modernes, elles dévoilent un genre de vie hybride qui dépasse la pratique biologique pour transmettre une doctrine spatiale chargée d’une culture relative à un lieu et un temps déterminé. Sans adhésion totale à un modèle précis, ces habitants semblent cultiver une certaine ambigüité concernant leurs idéaux ou les facteurs qui influencent leurs choix spatiaux.Notre postulat de départ considère la porosité du concept de culture. Pénétrée continuellement par de nouveaux acquis, elle redéfinit l’habiter suivant une logique imprévisible qui semble se concentrer dans le geste appropriatif. Ainsi, l’observation de ce dernier oriente la réflexion, au-delà de la situation des productions algériennes par rapport aux attentes des usagers, vers la nature présente de la société algérienne ainsi que les chemins d’évolution qu’elle est en train d’entreprendre. Une piste de recherche que nous explorons par le biais d’une démarche inductive où le volet empirique n’est pas considéré tel un réceptacle de théories préétablies, mais plutôt comme un pourvoyeur d’une conscience réflexive. Autrement dit, nous tenterons de décrire le caractère qui se dégage des pratiques appropriatives à Ali Mendjeli, à travers une structure analytique flottante s’adaptant aux découvertes offertes par la réalité de l’empirie à défaut de vouloir l’aligner de toute force sur des concepts préexistants.