par Berns, Thomas
Référence Multitudes, 13, 3, page (135-139)
Publication Publié, 2003
Article révisé par les pairs
Résumé : En guise d’introduction à la « mineure », Thomas Berns montre l’exigence d’une oeuvre qui cherche à penser le conflit comme ce qui doit être maintenu : cela signifie non seulement inscrire l’ordre de la loi dans le désordre du conflit, mais aussi faire de la guerre l’horizon maintenu de la paix, savoir que la loi ne s’impose que comme violence et qu’elle ne doit se penser que comme exposée à la corruption… bref c’est précisément ce avec quoi rompt le politique centré sur la souveraineté.Machiavel inscrit l’ordre de la loi dans le désordre des dissensions. Il est inutile de revenir sur la thèse révolutionnaire de la fertilité du conflit, telle qu’elle est développée dès les premiers chapitres des Discorsi sopra la prima deca di Tito Livio, sinon pour nous arrêter sur le fait qu’elle ne prend son sens que si on veille à ce que l’ordre de la loi ne soit pas pour autant considéré, pour le dire avec Lefort, comme la « solution »[[C. Lefort, « Machiavel et la verità effetuale », in: Écrire – À l’épreuve du politique, Paris, 1992, p.175.] du conflit. Loi et conflit entretiennent au contraire une relation circulaire : dans le Disc. I, 4, Machiavel fait face aux critiques anti-romaines (qui, en ne conjuguant pas la grandeur de Rome à ses troubles internes, ne peuvent imputer la première qu’à sa fortune et à sa discipline militaire) en affirmant simplement le fait que loi et désordre viennent et doivent venir ensemble, de telle sorte qu’il faut conclure aussi à une nécessaire exposition de la loi aux dissensions, à une réinscription constante de la loi dans le conflit.