Résumé : Pendant près d’un siècle et demi, la production littéraire du tournant des Lumières et de la Restauration a été regardée avec un mépris dédaigneux par l’Histoire littéraire. Jugé nauséabonde par les uns, insignifiante par les autres (Lanson en parle comme d’ « un poids mort de notre littérature » !), ou pire encore, inexistante, ce demi-siècle de création (1780-1830, pour fixer des balises confortable mais simplement indicatives) a été effacé du patrimoine culturel français, sans autre forme de procès. Fort heureusement, depuis quelques dizaines d’années, les historiens de la littérature portent un regard neuf sur les œuvres méconnues et malmenées qui ont été publiées, et lues souvent avec avidité, dans un Ancien Régime finissant autant qu’à l’aube du grand XIXe siècle. Oblitérés par le spectre de la Révolution tout autant que par la gloire romantique, victimes d’une lecture anachronique de critiques aveuglés par une fascination irraisonnée pour les « génies » – fussent-ils contemporains et parfois proches des auteurs rejetés de façon péremptoire –, ces romans méritaient pourtant un autre sort. Ils prennent aujourd’hui leur revanche et regagnent, peu à peu, la place qui leur revient dans les études universitaires. Fruit de rencontres liées à l’élaboration de la base de données Cat19 (https://cat19.ee.ulb.be/fr), projet porté par Valérie André (FRS/FNRS-ULB) et Catriona Seth (University of Oxford), ce volume entend apporter sa pierre à l’édifice. Il rassemble des contributions de spécialistes internationaux du roman français publié entre 1800 et1830 qui, tous à leur manière, s’efforcent de corriger l’erreur de jugement qui a trop longtemps conduit à l’ignorer.