Résumé : In the last few decades, there has been increased interest in the incorporation of data from bi- and multilingual individuals in linguistic theory: from second language acquisition and language attrition to heritage varieties and code-switching. This dissertation discusses a range of ways in which code-switching data can provide insight into the mechanisms that underlie linguistic structures. The data will be analysed within the framework of Minimalist Generative syntax and Distributed Morphology.The first part investigates grammatical gender assignment in code- switching between English, a language without grammatical gender, and two languages with grammatical gender: French and Belgian Dutch. These languages have comparable, but different gender systems. French has two genders: masculine and feminine, whereas Belgian Dutch adds a third: neuter. The study in this part of the dissertation compares gen- der assignment strategies in bilinguals with different profiles. In addition, the code-switching data provide evidence against the default status of neuter in Belgian Dutch.The second part focuses on word order and includes two studies: one on verb-second word order in Dutch-English code-switching and one on adverb placement in English-French and Dutch-English code- switching. The verb-second chapter identifies a lacuna in the traditional Generative analysis for verb second and uses the CS data to address this. The chapter on adverb position looks at placement of the adverb between the verb and its direct object, which is allowed in Dutch and French, but not in English. For all domains investigated, it is found that the finite verb predicts word order.Taken together, these studies demonstrate that bilingual data can shine a light on elements of the theory of grammar which remain in the shadows when only monolingual data is used.
Les dernières décennies ont vu croître l’intérêt pour l’intégration à la réflexion en linguistique théorique des données produites par des locuteurs/trices bilingues ou multilingues, que celles-ci concernent l’acquisition d’une langue seconde, l’attrition, les langues d’héritage ou l’alternance codique. Le présent travail développe plusieurs exemples où les données issues de l’alternance codique éclairent les mécanismes qui sous-tendent les structures linguistiques. Les données recueillies sont interprétées dans le cadre de la syntaxe générative minimaliste et de la morphologie distribuée (« distributed morphology »).Dans un premier temps, nous analysons l’attribution du genre grammatical dans l’alternance entre l’anglais, d’une part, et le français et le néerlandais de Belgique, de l’autre. Alors qu’il n’y a pas en anglais de genre grammatical, le français et le néerlandais de Belgique marquent ce genre, mais de façon différente : si le français distingue deux genres, masculin et féminin, le néerlandais de Belgique y adjoint un troisième, le neutre. Dans cette partie de la thèse, nous dressons le profil des stratégies d’attribution du genre auprès de deux types distincts de bilingues et nous établissons également que le neutre n’est pas le genre par défaut en néerlandais de Belgique.Dans un second temps, nous nous penchons sur l’ordre des constituants. Dans une première étude, nous examinons l’ordre des mots avec « verbe second » (V2) dans l’alternance anglais-néerlandais. Nous abordons ensuite le placement de l’adverbe dans l’alternance anglais- français et anglais-néerlandais. Le chapitre consacré à V2 identifie une lacune dans la littérature générative et tire profit des données de l’al- ternance pour y proposer une solution. Le chapitre consacré à l’adverbe s’intéresse au placement de celui-ci entre le verbe et son objet, position licite en français et néerlandais mais pas en anglais. Dans ces deux études, il apparaît que c’est la langue du verbe à la forme finie qui prédit l’ordre des constituants.L’ensemble des recherches ici réunies démontre que les données bilingues mettent en lumière des aspects de la théorie grammaticale qui restent dans l’ombre lorsque le chercheur se limite à des données monolingues.