Résumé : Cette thèse de doctorat étudie la prise en charge des pratiques contraceptives, de l’avortement et de l’éducation sexuelle par des catholiques organisant, à partir des années 1950, des centres de consultation conjugale et de planning familial en Belgique. À l’aide d’une méthode socio-historique, j’ai examiné le processus de création d’une normativité pratique et discursive et d’une gouvernementalité sexuelle propres au monde catholique, au sein d’une société belge clivée et pluraliste aux prises avec la révolution sexuelle. J’ai ainsi mis en évidence la constitution d’une configuration normative qui légitime l’usage de la pilule contraceptive en la conditionnant à l’éducation à la sexualité et, en contrepartie, construit l’avortement comme un échec de la contraception et d’une conduite sexuelle responsable. La notion de "gouvernement par la parole" rend possible l’investissement des catholiques dans la défense des droits reproductifs.