Thèse de doctorat
Résumé : Le but du présent travail de thèse était d’examiner dans quelle mesure les programmes moteurs graphiques acquis au cours de l’apprentissage par écriture manuscrite contribuent au processus de reconnaissance. Précédemment, l’avantage de l’écriture manuscrite sur la dactylographie a été attribué à la contribution des programmes moteurs graphiques (Longcamp et al., 2010). Toutefois, les données recueillies dans le présent travail suggèrent que l’analyse visuelle détaillée requise par l’écriture manuscrite explique une grande partie de cet avantage. En effet, lorsque le symbole à reconnaître est présenté dans des conditions visuelles optimales, les apprentissages par écriture manuscrite et par composition – nécessitant tous les deux une analyse visuelle détaillée – aboutissent à un niveau de reconnaissance similaire et supérieur à celui faisant suite à la dactylographie. Ces résultats sont en accord avec la conception visuelle de la reconnaissance des lettres. Dans cette perspective, l’association entre la perception des lettres et l’activation motrice peut être interprétée comme la conséquence de l’apprentissage conjoint de la lecture et de l’écriture et non comme une condition nécessaire à l’encodage et à la reconnaissance.Toutefois, lorsque les conditions visuelles de présentation sont altérées, l’apprentissage par écriture manuscrite tend à aboutir à une meilleure reconnaissance que les apprentissages par composition et par dactylographie. Ces données suggèrent que les programmes moteurs graphiques pourraient contribuer à la reconnaissance lorsque les informations visuelles sont limitées et que la mémoire visuelle ne peut être utilisée de façon optimale. Notons que cette hypothèse mériterait d’être examinée de façon plus directe.Même si les résultats montrent une contribution importante de l’analyse visuelle détaillée dans l’avantage de l’écriture manuscrite sur la dactylographie, il convient de souligner que dans des conditions d’apprentissage naturelles, l’écriture manuscrite constitue le moyen le plus évident et spontané de promouvoir une telle analyse détaillée. Par ailleurs, pour que l’écriture manuscrite puisse aboutir à un encodage optimal, il est important que l’automaticité des mouvements d’écriture soit préservée. En effet, rompre l’automaticité de l’écriture par une perturbation de l’activité graphomotrice durant l’apprentissage affecte les performances ultérieures en reconnaissance.