Résumé : Faite de paradoxes et marquée par la déchéance de la condition humaine générale, la situation des États postcoloniaux africains n’a que peu ou prou dérogé aux travers fondamentaux de l’État colonial que, dans le cas de la R.D. Congo, nous préférons appeler l’État/Boula-Matari. Légitime était dès lors la question du « pourquoi » et du « comment » l’application du droit à l’autodétermination des peuples, un principe pourtant fondé sur les vertus d’autonomie, de liberté, a accouché de plus d’un demi-siècle de piétinement quant à l’émancipation véritable des sociétés concernées et des hommes qui les composent ? Afin de répondre à cette question directrice, la présente thèse de doctorat en philosophie a voulu d’une part, remettre en question des concepts donnés classiques et des conceptions du pouvoir et du développement importées ; d’autre part, opérer la redécouverte identitaire de soi de l’être humain concerné, dans la vérité de son être-au-monde lié à son environnement. Miser sur l’être congolais dans le cas de figure consistait, en fait, à relever le pari de la dignité et de la responsabilité humaine, dans la perspective de son émancipation et de l’émancipation de sa société.Par une approche multiple, à la fois historique, herméneutique et constructive, nous espérons avoir démontré que la confrontation des faits du passé avec le présent permet de rendre plausible l’hypothèse selon laquelle la repossession de son histoire par un peuple constitue le premier pas vers la repossession de soi-même et, à partir de-là, vers la repossession des leviers de son avenir. Une telle perspective renouvelle l’entente du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, au-delà du principe juridique connu et de sa praxis politique. C’est ici que le territoire et la tribu ou l’ethnie, le territoire tribal ou ethnique représente la référence fondamentale de l’identité authentique, lieu non seulement de la vérité de l’être congolais en l’occurrence, mais aussi de sa libre disposition de soi en avant de sa liberté, de son autonomie. À partir de là se laisse esquisser un possible « État du peuple » en contexte postmoderne dans un pays comme la R.D. Congo…