Direction d'ouvrage
Résumé : Numéro de revue accessible sur le site http://patrimoine.brussels/decouvrir/publications/notre-revue-par-article/ndeg32-voir-la-rue-autrement/articles-du-ndeg32 De plus en plus, la rue fait l’actualité. Les publications sur la rue se multiplient depuis une dizaine d’années dans des approches historique, géographique, culturelle, sociologique, architecturale . Par contre, l’histoire matérielle et patrimoniale de la rue, et plus globalement de l’espace public, reste en grande partie à écrire. Certes, il existe plusieurs guides et recommandations sur l’aménagement de l’espace public prenant en compte la dimension patrimoniale, à l’exemple des publications de Streets for All porté par Historic England ou, en région bruxelloise, du Manuel des espaces publics et d’une récente étude sur la voirie néoclassique . Cependant, les études patrimoniales restent encore majoritairement centrées sur le bâti.L’objectif de ce numéro de Bruxelles-Patrimoines est donc d’étudier la rue sous l’angle patrimonial en en retraçant son évolution historique et ses caractéristiques matérielles, en réfléchissant aux outils les plus appropriés pour déterminer leur valeur patrimoniale et pour assurer leur conservation. Pour ce faire, il est bien sûr indispensable de se départir de la vision essentiellement fonctionnelle et technique qui, au 20e siècle, a considéré la rue uniquement comme une voie de circulation. Pour en saisir la valeur patrimoniale, il faut « voir la rue autrement », pour paraphraser le sous-titre de l’ouvrage de Michaël Darin sur la comédie urbaine dans lequel il proposait de « voir la ville autrement » pour saisir la complexité de la fabrique urbaine .Ainsi, les différents auteurs ayant participé à ce numéro nous aident tout d’abord à comprendre la mise en place des éléments constitutifs de la rue moderne durant le long 19e siècle, et plus particulièrement de ses caractéristiques physiques avec l’adoption d’un nouveau profil marqué par l’introduction du trottoir (C. Loir), l’élargissement du gabarit entraînant le réalignement des voies existantes (T. Schlesser), la systématisation du revêtement pavé (F. Tourneur), l’intégration des plantations en voirie (C. Sommeillier, C. Leclercq, B. Campanella). Aux alentours de 1900, l’espace public et la rue en particulier sont au cœur des débats, comme en témoignent l’esthétisation de la ville (C. Chéron) ou les modes de représentations graphiques des rues historiques (C. Paredes). Après plus d’un demi-siècle où elle est reléguée au rang de simple artère circulatoire, plusieurs publications dans les années 1980 et 1990 témoignent des prémices de la reconquête de l’espace public (M. Demanet). Quant à la protection légale des voiries historiques, elle est tardive, limitée et complexe (M. Muret). Elargir la notion même de patrimoine et considérer la rue comme un paysage urbain (A. Autenne) est d’autant plus urgent qu’il faut malheureusement constater la faible prise en considération de la dimension patrimoniale dans les récents réaménagements de l’espace public en région bruxelloise (T. Jossart). Il s’agit de concilier préservation du patrimoine et enjeux contemporains en matière d’accessibilité et durabilité, tout en tenant compte des spécificités de certaines artères, à l’exemple des rues du centre historique de la zone Unesco (Q. Demeure, P. Cordeiro) et des chaussées structurant la voirie à l’échelle régionale (M. Alecian).S’il invite à voir, à étudier et à évaluer la rue autrement, ce numéro invite aussi à poursuivre l’analyse. Voulant mettre l’accent sur ce qu’il y a de plus ordinaire, nous nous sommes limités à l’objet « rue », en l’isolant de la « place urbaine » qui, dans le cadre d’une étude générale de l’espace public devrait bien sûr elle aussi être intégrée. Et même en ce qui concerne la rue, nous avons souvent centré le regard sur la voirie, ce qui nous a semblé plus original, mais l’enjeu serait maintenant de réintégrer les formes bâties pour saisir le paysage urbain dans sa globalité.