Résumé : Divers blocages ont freiné l’élaboration d’une histoire de la Résistance en Belgique, élément pourtant essentiel de la période d’occupation nazie. Un retard jamais comblé dans l’approche scientifique de la période, écartée pendant des années par le mépris porté envers l’histoire du temps présent, écrasée par le silence prolongé sur la question royale inséparable de l’étude de la guerre, mais aussi diabolisée par la place essentielle que joua le Parti communiste dans la construction de cette résistance.Par ailleurs, l’histoire « héroïque » produite par la résistance elle-même ainsi que la gangue et les occultations dans lesquelles l’historiographie communiste officielle avait enfermé le récit de la période fermaient tout autant une approche décomplexée.Le travail de José Gotovitch est le fruit d’un très long travail d’investigation, mené dans les archives enfin accessibles de l’Internationale communiste à Moscou, l’ouverture totale de celles du Parti communiste de Belgique, et d’une longue quête de témoignages et d’archives auprès de 300 acteurs de la période. Prenant appui sur le cas bruxellois, il dresse un tableau d’ensemble qui explicite et met en scène la politique et l’action des communistes en Belgique occupée, l’insérant aussi dans son contexte international.Partant des textes – journaux clandestins, directives et rapports internes – nombreux mais insuffisants pour reproduire la réalité, Du Rouge au Tricolore part du terrain, des militants eux-mêmes, et remonte vers les structures et les principes pour en présenter l’action effective, les difficultés, les héroïsmes souvent muets, les drames et les joies, sans oublier jamais le terreau sur lequel a cheminé le refus de l’Ordre Nouveau, c’est-à-dire l’ordre nazi.En chemin, il fait justice des versions stéréotypées, oscillant au gré des modes historiographiques et politiques, bâtissant son récit sur une approche scientifique, couronnée d’ailleurs par l’Université et l’Académie Royale de Belgique. A travers cette rigueur, percent cependant le courage, l’enthousiasme mais aussi les douleurs et déceptions de ce qui constitue une épopée du XXème siècle.Cette nouvelle édition reprend, corrigée, celle parue en 1992, mais y précise et développe largement les 250 notices biographiques qui clôturent le volume."... Et nous n’avons rien de comparable dans la production historique française en ce qui concerne le sujet dont vous traitez et pour la période que vous retenez. Rien de comparable : l’ampleur des dépouillements exhaustifs et minutieux auxquels vous vous êtes astreints dans des fonds et archives très dispersés ; la rigueur, la probité, la délicatesse aussi avec lesquelles vous avez tenu à résoudre des points de fait très embrouillés et complexes ; la solidité et la finesse de vos éclairages, interprétations et conclusions – tout m’a été objet d’admiration, de réflexion, d’approbation… " (Paris, le 26 décembre 1988), Annie Kriegel (1926 -1995), Historienne du communisme, Professeur de sociologie politique à Nanterre.