par Dierickx, Laurence
Référence Sur le journalisme, 8, 2, page (154-167)
Publication Publié, 2019-12-15
Article révisé par les pairs
Résumé : Le développement des technologies d’automatisation de la production d’informations dévoile, sur la scène médiatique, de nouveaux acteurs qui ne sont pas traditionnellement liés au monde du journalisme. On retrouve, parmi ceux-ci, des sociétés technologiques où sont employés des linguistes et des informaticiens. Bien qu’elles ne considèrent pas « faire acte » de journalisme, elles participent néanmoins à une chaîne de production éditoriale, jusqu’alors dévolue aux seuls professionnels de l’information. Cela implique de nouvelles formes de collaboration où vont cohabiter des agents sociaux aux cultures professionnelles différentes : à la rationalité de la technologie, sera opposée la subjectivité du journalisme. Mais il ne s’agirait pas de réduire un processus automatisé à une technologie qui se bornerait à transformer des entrants (des données) en extrants (des textes ou toute autre forme de représentation visuelle). Ce processus participe à une logique éditoriale traditionnelle, caractérisée par une succession de choix. Cet article vise à une meilleure compréhension de cette dynamique, à travers une étude de cas réalisée dans le cadre de la conception d’un système d’automatisation visant à soutenir les routines quotidiennes de journalistes attachés au service boursier d’un média belge francophone. Dans ses principaux enseignements, cette expérience témoigne de la nécessité d’un profil qui soit à la fois technique et journalistique, dès lors qu’il facilite les échanges entre les mondes du journalisme et de la technique. L’implication active des journalistes dès les premières heures du projet va apparaître comme un préalable, dès lors qu’ils disposent de l’expertise du domaine d’application et des compétences éditoriales qui forgeront l’artefact dont on ne peut considérer qu’il soit d’abord technologique. Pour les agents sociaux du monde de la technique, cela implique un changement de paradigme : il s’agit désormais d’admettre qu’ils participent à un processus éditorial qui suppose, tout au moins, de développer une « pensée journalistique ».