Résumé : Contexte. Dans l’hypertension pulmonaire (PH), Les altérations vasculaires pulmonaires, qu’elles soient post- ou pré-capillaires, peuvent avoir un effet sur la post-charge du ventricule droit (RV), et contribuer ainsi à la réduction de la capacité d’exercice, à la défaillance du RV et au pronostic du patient. Objectives. Nous avons voulu caractériser l’impact de l’hémodynamique pulmonaire sur le RV, la physiopathologie de l’exercice, et sur le pronostic des patients avec PH. Méthodes. Nous avons d’abord effectué une analyse rétrospective (2007-2014) dans un centre de référence pour l’PH, en comparant des patients avec une PH lié à une maladie du cœur gauche (LHD) et des patients avec une hypertension artérielle pulmonaire (PAH, n=35) idiopathique ou héréditaire. Les patients avec une PH-LHD ont été subdivisés en fonction de l’hémodynamique pulmonaire en : PH post-capillaire isolée (IpcPH : gradient diastolique pulmonaire, DPG < 7 mmHg et résistance vasculaire pulmonaire, PVR≤3 UW, n=37), PH combinée post- et pré-capillaire (CpcPH : DPG≥7 et PVR>3, n=27), et PH-LHD « indéterminée » (DPG≥7 ou PVR>3, n=29). Par la suite, nous avons conduit une méta-analyse des études ayant évalué l’association entre l’hémodynamique pulmonaire (PVR, DPG et compliance de l’artère pulmonaire, Ca) et le pronostic des patients PH-LHD. Résultats. La sévérité hémodynamique (pressions artérielles pulmonaires, PVR, gradients vasculaires pulmonaires), la prévalence des signes échocardiographiques de défaillance du RV (dilatation + dysfonction du RV) et l’hyperventilation à l’effort augmentaient de façon linéaire en passant de IpcPH, aux PH-LHD « indéterminés », jusqu’aux CpcPH et PAH (p<0.001), alors que la consommation d’oxygène au pic exercice et la prévalence des oscillations ventilatoires suivaient un comportement opposé, en étant les plus élevées chez les IpcPH. La survie n’était pas différente entre PH-LHD et PAH. Cependant, les patients CpcPH avait un pronostic plus mauvais que les IpcPH et les PAH, mais similaire aux patients PH-LHD « indéterminés ». Dans notre cohorte rétrospective, NT-proBNP et Ca étaient associés de façon indépendante à la survie. Dans la méta-analyse, Ca, PVR et DPG étaient associés au pronostic chez les patients PH-LHD.Conclusions. La caractérisation hémodynamique des patients PH-LHD en fonction du DPG et PVR est associée à la sévérité de la maladie, à la physiopathologie de l’exercice, au risque de défaillance du RV et au pronostic. Le phénotype CpcPH présente un profil hémodynamique proche de la PAH mais avec un plus mauvais pronostic. La Ca, la PVR et le DPG sont associés à la survie chez les patients PH-LHD.