Résumé : Au cours des dernières décennies, la recherche en oncologie a connu des progrès majeurs. L’étendue des connaissances qui en découle confronte tant les patients que les soignants à des contextes d’incertitude et à des prises de décision de plus en plus complexes. L’adaptation que requièrent de la part de chacun ces contextes particuliers représente un défi majeur en raison, notamment, de la complexité croissante de la communication soignant-soigné qu’ils impliquent. Afin de rencontrer les difficultés des soignants confrontés aux exigences d’une communication devant laquelle ils se sentent souvent démunis, il s’avère nécessaire de développer des formations adéquates visant l’amélioration des compétences communicationnelles des soignants en oncologie. S’insérant dans ce contexte général, cette thèse propose tout d’abord un état des lieux des formations consacrées aux aspects relationnels et communicationnels des soins en oncologie ainsi que du transfert des compétences dans la pratique clinique. Ensuite, le premier objectif de la recherche menée dans ce travail consiste à décrire et analyser les difficultés des médecins à communiquer, et ce, dans le cadre d’un entretien de prise de décision avec une patiente simulée atteinte d’un cancer à un stade avancé. Le second objectif de cette recherche réside, d’une part, en l’élaboration d’une formation à la communication centrée sur l’incertitude et l’espoir destinée aux médecins prenant en charge des patients atteints d’un cancer, formation qui a suscité un manuel destiné à permettre sa diffusion et sa répétition par d’autres équipes ; et réside, d’autre part, en l’évaluation des effets de cette formation, dans le cadre d’une étude randomisée, aux niveaux comportemental, cognitif, émotionnel et physiologique, et ce au cours d’un entretien avec une patiente simulée atteinte d’un cancer à un stade avancé dans un contexte incertain. Les résultats de cette recherche mettent d’abord en évidence que les médecins éprouvent des difficultés à communiquer avec une patiente simulée au sujet de son avenir lorsqu’ils ressentent un conflit décisionnel. Ensuite, les résultats montrent que la formation et l’apprentissage qui en découle ont permis des changements multiniveaux et concomitants. Comparés aux médecins non formés, les médecins formés font preuve de compétences communicationnelles nettement meilleures, ils ont de plus hauts niveaux de sentiment d’efficacité et de maîtrise, ils sont plus activés dans l’entretien, le tout sans ressentir plus de stress.Les bénéfices multiniveaux découlant de ces formations, clairement apparents dans le cadre de notre recherche, ne peuvent qu’encourager à poursuivre le développement de formations à la communication, intensives et spécifiques, visant à améliorer la pratique clinique des soignants en oncologie. Nous tournant vers l’avenir, nous signalerons d’abord que le processus d’apprentissage expérientiel que ces formations supposent est d’une grande complexité et inclut notamment des aspects psychophysiologiques qui restent en grande partie à explorer.