Thèse de doctorat
Résumé : Cette thèse de doctorat porte sur la mendicité et la figure du mendiant dans la littérature grecque, d’Homère jusqu’au philosophes cyniques. Quatre familles de mots servent de point de départ à cette étude : πτωχός « le mendiant », ἀγύρτης « le prêtre mendiant », ἀλήτης « vagabond », πλάνης « le rôdeur » et la triade ἐπαίτης, προσαίτης, μεταίτης « le quémandeur ». Le hasard de la conservation veut que les attestations de la mendicité dans la littérature grecque se cantonnent au corpus poétique. Or, par sa dimension pragmatique, la poésie grecque reste liée à son contexte d’origine, en traitant toujours de problématiques sociales qui lui sont contemporaines. Notre travail se propose d’étudier dans quelle mesure les représentations littéraires et esthétiques de la mendicité sont investies d’une fonction sociale. Notre thèse adopte trois perspectives méthodologiques : une étude lexicale de la mendicité examinant les jeux de synonymie et les connotations, un examen des fonctions littéraires et dramatiques du personnage, tantôt catalyseur de l'action, tantôt vecteur d'émotions, et une analyse sur son rôle argumentatif dans les réflexions politiques et morales sur la pauvreté au IVème siècle. Le motif de la mendicité permet aux Grecs d’envisager un certain type d’exclusion civique, et en contre-point, d’appréhender la nature du lien social. Une étude chronologique montre que ce personnage, initialement contre-modèle du parfait citoyen, devient aux moments de grands bouleversements économiques un personnage attachant, permettant à la cité de réintégrer symboliquement les pauvres et de prôner indirectement la solidarité collective.