par Crespy, Amandine
Editeur scientifique Coman, Ramona ;Fromont, Louise ;Weyembergh, Anne
Référence Les solidarités européennes Entre enjeux, tensions et reconfigurations, Larcier, Paris
Publication Publié, 2019-10-15
Partie d'ouvrage collectif
Résumé : Cette contribution part de la prémisse que l’idée d’Europe sociale telle qu’elle a été défendue au 20ème siècle a fait long feu. Du fait des divergences socio-économiques et politiques entre les pays membres de l’UE, l’exigence de solidarité en Europe ne peut plus s’incarner dans un dans un ensemble uniforme de règles qui constitueraient progressivement un Etat providence européen. Comment peut-on, dès lors, concevoir des formes de solidarité qui mèneraient à une convergence par le haut ? Trois axes de réflexion sont ici proposés. Premièrement, du point de vue de la solidarité transnationale entre Européens, l’Union européenne doit s’attacher à empêcher la mise en concurrence des systèmes socio-économiques grâce à des règles communes, par exemple la mise en place – et convergence progressive – de salaires minimums partout en Europe. Il s’agit également de fixer les principes régissant la dimension sociale de la citoyenneté européenne, notamment en matière d’accès des Européens non-nationaux aux prestations sociales des Etats-membres. Deuxièmement, du point de vue de la solidarité entre Etats, il est temps de reconnaître que la création d’un marché et d’une monnaie communs n’impliquent pas les mêmes risques et opportunités pour tous les pays. Dès lors, il est à la fois juste et efficace de se doter d’outils permettant de mitiger et d’équilibrer ces risques, que cela soit dans une logique assurantielle ou redistributive. Troisièmement, du point de vue de la solidarité nationale, l’Union ne peut se contenter d’agir comme un carcan fiscal ou un accélérateur de réformes « structurelles » contribuant à affaiblir les Etats-providence nationaux, comme cela est trop souvent le cas aujourd’hui. Les institutions européennes devraient, au contraire, s’employer à promouvoir avec vigueur un agenda véritablement de modernisation progressiste centrée, par exemple, sur le paradigme d’investissement social qui reste aujourd’hui introuvable.