Résumé : Depuis le début des années 2000, on observe l’apparition de médias européens spécialisés portés par la structuration et l’institutionnalisation progressive d’un sous-groupe professionnel de journalistes européens. Cette structuration s’appuie encore sur des espaces nationaux mais on voit également l’émergence d’un espace médiatique européen transnational, en relation avec l’espace supranational que constitue Bruxelles, dans lequel une économie de l’information européenne continue de se développer. Cette thèse montre ainsi la construction de mondes transnationaux du journalisme européen autour de l’émergence, de la professionnalisation et de l’institutionnalisation d’un sous-groupe professionnel de journalistes. Ce phénomène s’est développé particulièrement en France au moment de la campagne pour le Traité Constitutionnel européen (TCE) et du développement d’Internet, avec l’apparition de nombreux sites, blogs d’information et autres initiatives de promotion de l’Europe par l’information, permettant à de nouveaux acteurs de participer à l’émergence de ces mondes sociaux. Si l’on observe néanmoins des initiatives du même genre dans d’autres pays européens (comme l’Allemagne, la Belgique, l’Italie et le Royaume-Uni), ce phénomène reste majoritairement cantonné aux « grands pays » historiques de l’Union européenne. L’action des institutions européennes, au cœur de l’Eurocratie, participe également à la définition de ces mondes sociaux et à la circulation des acteurs qui les peuplent. Des carrières de militants d’information européenne se développent dans ces mondes, avec une forte dimension transnationale portée par une expérience de la mobilité et de la diversité culturelle de l’Europe. Les militants d’information européenne produisent alors à la fois un discours promotionnel alternatif de la citoyenneté européenne mais sont également une forme d’incarnation de cette « Europe des citoyens » impulsée par les stratégies de communication des institutions.