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Variations isotopiques dans l’os pathologique. Étude de cas issus de la collection ostéologique Jedlicka (Prague, XIXe siècle)

par Salesse, Kevin ;Kaupova, Sylva;Bruzek, Jaroslav;Kuzelka, Vitezslav;Veleminsky, Petr
Référence Colloque du Groupe des Paléopathologistes de Langue française 2019 (5-6 Avril 2019: Bruxelles)
Publication Non publié, 2019

Communication à un colloque

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Résumé :

Les rapports isotopiques du carbone et de l’azote mesurés sur le collagène osseux (δ13Ccol, δ15Ncol) sont couramment utilisés pour appréhender les comportements alimentaires des populations humaines passées et présentes. Ces reconstitutions alimentaires peuvent toutefois être remises en cause en raison de l’état de santé des individus étudiés, en particulier lorsque ces derniers ont souffert d’affections à manifestation osseuse ou ont connus des traumatismes osseux. Ces pathologies peuvent en effet engendrer des déséquilibres isotopiques mais aussi impacter les processus de fractionnement isotopique au sein d’un organisme. Relativement peu d’études se sont intéressées jusqu’à présent à caractériser ces effets isotopiques. De fait, nombre d’entre eux restent incompris ou non-examinés. Cette communication vise à combler en partie cette lacune en s’intéressant plus précisément aux effets sur les valeurs de δ13Ccol et δ15Ncol du rachitisme, de tumeurs malignes osseuses (i.e. ostéosarcome), d’infections non-spécifiques osseuses (i.e. ostéomyélite) et de lésions traumatiques osseuses (i.e. fracture). Un total de 32 individus issus de la collection anatomo-pathologique Jedlička datant du XIXe siècle et conservée au Muséum National de Prague ont été analysés pour cette étude. A l’exception des cas de rachitisme, chaque os prélevé a été échantillonnés deux fois, à savoir sur le site de la lésion (zone pathologique) et à distance de ce dernier (zone saine). Nos résultats préliminaires montrent une forte variabilité intra-squelettique des valeurs isotopiques dans chaque groupe nosologique, avec certains sujets présentant des différences de l’ordre de 0,4/0,5‰ en carbone et 1/1,5‰ en azote entre zones pathologiques et saines. Les sites de lésions présentent de façon générale des valeurs de δ15Ncol¬ plus élevées que les sites non-pathologiques dans le cas d’ostéosarcome, d’ostéomyélite et de fracture. Ceci pourrait être le reflet d’un déséquilibre en azote au sein de l’organisme du fait d’une plus forte sollicitation des atomes d’azote pour la production d’os nouveau et d’un apport alimentaire insuffisant en protéines au regard des nouveaux besoins. Quant aux individus rachitiques, ces derniers montrent des valeurs de δ15Ncol¬¬ particulièrement hautes, dépassant en moyenne de 1,1‰ les valeurs δ15Ncol¬¬ des autres groupes nosologiques. Ceci pourrait être lié à la carence en vitamine D entraînant des problèmes de minéralisation osseuse, une augmentation de remodelage osseux et des déséquilibres isotopiques, en particulier en azote. Cette étude a été financée par le programme européen SYNTHESYS (CZ-TAF-3558), le Ministère de la Culture de République tchèque (DKRVO 2016/18 et 2018/17, 00023272), et l’Agence de Subvention de République tchèque (SP19-13265S).