Résumé : Sous le régime semi-autoritaire de Blaise Compaoré au Burkina Faso, l’existence d’espaces publics – même si contrôlés – entrouvrent des lieux d’expression où les critiques et les frustrations – que le désenchantement démocratique renforce au fil du temps – se font toujours plus nombreuses, toujours plus audibles. Parallèlement, depuis les années 1990, l’ouverture démocratique a engendré des débats dans lesquels s’est invitée la religion, mettant au centre de cette recherche les rapports entre religions et État, entre islam et État. En s’appuyant sur les théories de l’action collective et par le biais d’une étude qualitative comparée entre la jeunesse musulmane francophone et la jeunesse musulmane arabisante de Ouagadougou, cette thèse analyse ainsi les revendications et les dynamiques de mobilisation, tout en interrogeant les liens entre mobilisations et ordre politique et s’attardant sur le poids du référentiel islamique et du statut de cadet social dans les enjeux définis et les comportements adoptés. En s’intéressant plus particulièrement aux musulmans, l’étude permet d’aborder une catégorie sociale doublement marginalisée du fait de sa jeunesse et du fait de la spécificité de l’islam burkinabè – associé à une minorité sociologique malgré son poids démographique – dans son rapport au politique.