par Bucella, Fabrizio
Référence Revue des oenologues et des techniques vitivinicoles et oenologiques, 170, page (63-64)
Publication Publié, 2019-01-01
Article révisé par les pairs
Résumé : Fortement relayée par les médias pour son ton alarmiste, une étude, publiée le 24 août 2018 par la réputée revue scientifique The Lancet, indiquait qu’une consommation, même modérée, de la molécule d’éthanol (présente dans les boissons alcoolisées) serait mauvaise pour la santé. L’étude recommandait l’abstinence et la mise en place de mesures politiques sévères pour réduire la consommation (1). L’étude fut présentée de la manière suivante :si on boit un verre par jour, le risque de développer une des 23 pathologies liées à l’éthanol augmente de 0,5 % ;si on boit deux verres par jour, le risque augmente de 7 % ;si on boit cinq verres par jour, le risque augmente de 37 %. On en a tiré comme conséquences les points suivants : (i) les personnes abstinentes n’ont pas de risque de développer une maladie liée à l’éthanol, (ii) l’augmentation du risque est forte pour les personnes qui boivent deux verres par jour (7 personnes sur 100 développent la maladie), (ii) pour la dernière catégorie (cinq verres par jour), il existe plus d’une chance sur trois (37 %) de développer une maladie liée à l’éthanol par rapport aux personnes qui ne boivent pas. Toutes ces interprétations sont fausses, comme nous le verrons plus loin.(1) « Nos résultats soulignent la nécessité de revoir les politiques de contrôle concernant l’alcool et les programmes de santé, et de prendre en compte les recommandations d’abstinence (…). Les gouvernements devraient examiner comment ces recommandations peuvent être mises en œuvre au sein de leur contexte local (…) ce compris les accises/taxes sur l’alcool, le contrôle de la disponibilité physique et des heures de vente, et le contrôle de la publicité ». L’étude du Lancet est en réalité une méta-étude réalisée par l’Institute for Health Metrics and Evaluation de l’Université de Washington. L’estimation du risque est réalisée avec 3 992 données utilisées émanant de 592 études. La méta-étude porte sur des données récoltées entre 1990 et 2016 dans 195 pays. Les données sur l’exposition à l’alcool sont au nombre de 121 029 provenant de 694 sources.