Résumé : Notre recherche doctorale porte sur l’étude approfondie, systématique et comparative de l’Exultet de Fondi (Ms. lat. 710), un rouleau liturgique en parchemin, conservé à la Bibliothèque Nationale de Paris, au sujet duquel la littérature scientifique est relativement pauvre en apports significatifs. Cet Exultet a été longtemps considéré comme un « produit périphérique », nous avons donc cherché à démontrer sa réalisation au sein du scriptorium du Mont Cassin et nous sommes abouti à la conclusion que ce volumen a vraisemblablement été commandé par l’évêque de Fondi Benedictus, au début du XIIe siècle. Les caractéristiques matérielles de ce manuscrit en confirment l’excellente facture et permettent de formuler d’importantes observations sur les modus operandi de sa réalisation, commun à d’autres Exultet et codices réalisés au Mont Cassin. L’analyse attentive de l’écriture bénéventaine du Mont Cassin ordonnée et calligraphique, a permis de déterminer l’origine du scribe et de parvenir à une comparaison instructive avec les manuscrits réalises au Mont Cassin sous l’abbé Oderisius et avec vingt-cinq autres codices réalisés dans la première moitié du XIIe siècle, dont on a visionné les microfilms. Les résultats de cette analyse ont permis de considérer l’Exultet de Fondi comme un maillon fondamental dans l’évolution de la bénéventaine entre sa période de maturité et sa décadence. La transcription de la notation ancienne, selon une partition moderne, a rendu possible, à titre expérimental, l’enregistrement du chant liturgique, en respectant l’unicité musicale et textuelle de cet Exultet. L’Initialornamentik et l’appareil décoratif du rouleau permettent de l’attribuer au scriptorium du Mont Cassin. À travers les treize miniatures, le microcosme de la Longobardia Minor reprend vie, le monde byzantin borde et influence les terres de l’Italie méridionale, dans un melting-pot de peuples en une osmose continue. Et si les miniaturistes sont encore fascinés par les fastes de l’âge d’or à l’époque de l’abbé Desiderius, ils s’expriment avec liberté, en mélangeant la tradition autochtone avec des iconographies d’origine orientale et septentrionale. Enfin, l’approche quasi archéologique du manuscrit m’a donné la possibilité de réfléchir d’une manière plus générale sur la phénoménologie des Exultet de l’Italie méridionale et d’apporter un nouveau point de vue à la description de ces rares témoignages, en dépassant le topos de la pure valeur catéchétique des images.