par Devriese, Didier
Référence Archivistique et mondialisation : vers une archivistique-monde ? (2019-01-24: Université d'Angers)
Publication Non publié, 2019-01-24
Communication à un colloque
Résumé : La confusion entre « archives » et « archivistique » entretient l’idée d’une archivistique sous-tendue uniformément par des besoins inhérents aux et constitutifs des archives elles-mêmes : cette confusion aurait pour conséquence mécanique un souci uniforme des archives, à l’aide de techniques comparables voire similaires. A cet égard, les premières normalisations telles l’ISAD(G) et l’EAD ont pu renforcer cette croyance. Ce point de vue néglige plusieurs points essentiels qui vont à l’encontre d’une archivistique globale: en premier lieu, elle est battue en brèche par la formation des théories archivistiques dans des environnements culturels différents et les pratiques techniques qui en découlent ; ensuite le rapport à l’archive lui-même est variable selon les environnements culturels précités mais envisagés cette fois du point de vue de l’usager ; ensuite toujours, vient la question des priorités sociétales, qui en situation de crise démocratique, politique, de conflit armé peuvent par exemple accentuer l’effet « greffe » au détriment d’une archivistique plus globale. Enfin, la notion d’archives globales et donc d’archivistique-monde pose la question du statut des producteurs : nombres de producteurs sont aujourd’hui polymorphes et insaisissables, qu’on songe simplement aux sociétés de rang mondial, aux organismes européens et internationaux, à l’extension des réseaux internet et aux Big data. Se pose encore la question de l’existence d’une législation archivistique internationale, qui définirait aussi celle applicable à un patrimoine commun et inaliénable. Face à cet ensemble complexe de variables, peut-on imaginer un corpus de théories reposant sur un dénominateur consensuel et une application de celles-ci faisant unanimité ? Mais plus encore, cette archivistique-monde fait-elle sens aujourd’hui, et n’est-elle pas l’avatar fantasmatique d’une mondialisation écrite comme toujours heureuse ?