Résumé : À cheval sur six régions, le Massif central est connu pour avoir été très fortement marqué par l'exode rural lors de la révolution industrielle. Cependant, depuis la fin des années 1960, la région est le spectacle d'un mouvement migratoire à sens inverse. Une nouvelle population d'origine citadine s'est installée dans ces places laissées vacantes, et ce, dans l'idée d'opérer un « retour à la terre », de rompre avec la logique salariale et de réinventer des formes collectives de vie et de travail basées sur un fonctionnement autogestionnaire. Mon travail consiste à interroger ce renouveau de la paysannerie par le prisme théorique de la multiplicité des temporalités.S’intéresser aux différentes temporalités qui surgissent au quotidien m’a permis de mettre en avant la diversité des situations sociales et des modes d'activité que vivent les habitants des collectifs néo- paysans autogérés. Mes recherches ont démontré que ceux-ci évoluent dans une multiplicité de rapports au temps, lesquels sont induits par l'espace où ils vivent, les pratiques qui y sont associées et les utopies et discours qu'ils mobilisent. À chaque activité (l’élevage, le façonnement du pain, le maraîchage, les transformations, mais aussi les demandes de subventions, la rédaction de projets ou les projections personnelles liées à la propriété), correspond ainsi un rapport au temps spécifique et l'ensemble de ces différentes temporalités constitue la dynamique du phénomène néo-paysan et façonne son imaginaire.