Thèse de doctorat
Résumé : La recherche en « art et sciences de l’art » que nous avons menée pour notre doctorat a comme point de départ le projet artistique de la Mosaïque. Celle-ci regroupe des avatars qui sont générés de manière stratégique et critique pour investir le milieu de l’art. Ce projet a vu le jour au début des années deux mille pour répondre, avec une certaine distance, à des attentes institutionnelles dans le cadre de notre bachelor en arts visuels pour ensuite être développé dans un contexte professionnel. Cette démarche réflexive nous a permis d’accumuler des expériences et des informations sur le fonctionnement sociologique, économique et politique des mondes de l’art. Pour cette thèse, nous avons explicité cette méthode de dédoublement, mais nous l’avons aussi utilisée comme méthode méta-réflexive pour proposer une posture d’artiste[ ]chercheur. Ainsi, dans un cadre institutionnel aux sensibilités académiques parfois divergentes entre l’Université et les Beaux-Arts, nous avons tenté de dépasser un certain nombre de clivages (théorie/pratique, artistique/esthétique, subjectif/objectif, etc.) propres à notre discipline que sont les arts visuels. Pour nous approcher de ce but, nous avons formalisé et conceptualisé le rendu de notre projet artistique à travers la rédaction d’un « essai augmenté » (par des hyperliens) dans les pages qui vont suivre et un diagramme interactif (une topographie conceptuelle de la Mosaïque) consultable sur un site Web (www.mosaique.li). Nous avons envisagé, dans une approche pragmatique, la diversité de ces niveaux d’investigation comme un écosystème s’inscrivant dans une « écologie esthétique ». Autrement dit, en étant paradoxalement acteur, chercheur et spectateur dans notre propre domaine, nous avons effectué, sous ce triple statut, une recherche (sur un projet artistique) et une méta-recherche (sur la méthodologie et l’épistémologie de cettedite recherche). Par conséquent, nous n’avons pas souhaité aboutir à une « vérité » scientifique à partir d’une hypothèse à valider, mais plutôt à étudier en quoi un projet en art peut être une source de savoirs éclairés par l’analyse d’une pratique artistique avec l’apport des sciences sociales, humaines et naturelles. En partant du fait que l’art est destiné à un public, la dernière partie de cette recherche est consacrée à sa propre réception par un spectateur-lecteur. Nous nous sommes interrogés sur les régimes cognitifs qui permettent de solliciter l’attention, mais aussi sur la manière dont nous la prêtons dans un environnement médiatisé par une interface numérique. Il s’agissait ici de réfléchir à la réception d’une recherche produisant des objets d’informations singuliers ayant une dimension esthétique et prenant forme dans l’hybridation du tangible et du numérique.