Résumé : Sommes-nous entrés dans l’ère du plastique ? L’Anthropocène est-il un Plasticocène ? Les enjeux écologiques contemporains nous invitent à porter un regard critique et sensible sur les matières plastiques de synthèse qui ont progressivement investi notre vie quotidienne durant le XXème siècle. Depuis la fin des années 1980, la République Socialiste du Viêt Nam s’est ouverte au commerce international et a adopté un modèle de production et de consommation de masse. Suivre les plastiques nous permet de raconter l’histoire de ce « Renouveau » vietnamien (Đổi mới), une transformation accélérée du régime autoritaire autant que de la vie ordinaire dans les petites et grandes villes du pays. Cette thèse questionne le devenir déchet de ces matières issues de l’extraction des hydrocarbures et leur rapport avec les humains, dans un contexte d’emballement plastique. Elle est constituée d’une série de six plasti-cités, qui sont à la fois des lieux physiques – petites villes et métropoles – et des communautés politiques hybrides. Dans la cité, les humains ne sont jamais seuls. Observer les matières, les choses, les êtres, autrement dit, les non-humains, permet de réfléchir aux principes structurant la vie en commun. Ces plasti-cités sont également des écritures : elles proposent de rendre compte textuellement et plastiquement d’enquêtes de terrain menées au Viêt Nam depuis 2011. La démarche est sensible et fondée sur l’expérience. La narration qui en résulte cherche à construire un équilibre entre éthique et esthétique scientifique, depuis une perspective chiffonnière.