Résumé : L’étude de cas socio-anthropologique qui constitue cette thèse est celle du Gamarada. Le Gamarada est un dispositif thérapeutique indigène dont le principe est celui d’engendrer, chez les membres qui en ont l’usage, de la résilience. Il prend la forme d’un groupe de parole se réunissant chaque semaine dans une salle du quartier de Redfern (Sydney, Australie). Initialement conçu pour lutter contre les dommages collatéraux de la colonisation engendrés au sein des populations aborigènes de l’Australie, ce dispositif fonctionne comme une plateforme où les membres viennent y chercher un safe space, une famille (particulière), des outils de gestion émotionnelle ; où ces derniers procèdent à ce qu’ils nomment leur « voyage thérapeutique » (healing journey) notamment en pratiquant une technique de méditation guidée indigène – le Dadirri. Le programme qui compose ce dispositif s’appuie sur une série d’exercices (ou tâches) s’employant à développer chez les membres une réception et une adhésion progressive à la valeur thérapeutique de ces mêmes exercices. Ce travail de recherche se donne pour objectif de rendre compte, dans le détail, du fonctionnement de ce dispositif ainsi que du sens émique que ses membres lui trouvent. Pour ce faire, l’analyse se penche dans un premier temps sur l’étude d’une série de jeux de langage dans lesquels le Gamarada est immergé : celui du traumatisme, celui du développement personnel et celui de l’aboriginalité. Dans un second temps, elle décortique le fonctionnement du dispositif selon une approche pragmatique. Le pari sur lequel repose une telle enquête est double : d’abord, comprendre ce qu’est le Gamarada permet de mettre en lumière plusieurs caractéristiques des concepts de traumatisme et de résilience ; ensuite, l’étude de cas contribue à approfondir notre entendement de la situation des Aborigènes de Sydney au sein de l’Australie contemporaine.