par Rimini, Théa
Référence Cahiers internationaux de symbolisme, 149-150-151, page (291-307)
Publication Publié, 2018-11-01
Article révisé par les pairs
Résumé : L’article explore l’interprétation de la Première Guerre mondiale donnée par Curzio Malaparte dans Viva Caporetto !, le pamphlet écrit à l’hiver 1918-1919. D’une part Malaparte interprète le conflit mondial comme quatrième guerre d’indépendance italienne, en raison de la possibilité de compléter l’unité nationale avec le rattachement du Trentin et de la ville de Trieste, d’autre part il souligne les aspects inédits de la guerre de 1915. À plusieurs occasions, Malaparte semble établir une équivalence antithétique entre, d’une part, le Risorgimento et l’ancien et, de l’autre, la Grande Guerre et le nouveau. Pour parler de ce conflit, il faut alors employer de nouveaux concepts et surtout une nouvelle langue, la langue que Malaparte lui-même essaie de créer dans Viva Caporetto !, un texte loin de l’écriture du journal, mais ponctué par une violente tension syntaxique et par des images expressionnistes. Le sentiment de Malaparte à l’égard de la guerre est lui-aussi hybride, ambivalent. Le mois d’août 1914, alors que les Italiens peuvent s’engager comme volontaires dans le conflit, devient le temps de la rédemption, mais la mort sous les canons est qualifiée de « maudite » contrairement à celle, « naturelle et sainte », des temps de paix. L’idée malapartienne de la guerre tient ainsi de la haine et de la fascination.