par Hellemans, Catherine ;Hotermans, Loïc;Galy, Edith
Référence XXème congrès de l'AIPTLF (Association Internationale de Psychologie du Travbail de langue Française) (9-12 juillet 2018: Bordeaux, France)
Publication Non publié, s.d.
Communication à un colloque
Résumé : 1. Cadre théorique et problématique Il est communément admis que le burnout est lié aux conditions de travail, et parmi elles, le fait d’être confronté à une charge de travail importante tout en ayant peu de ressources pour y faire face (Crawford, LePine, & Rich, 2010 ; Demerouti, Bakker, Nachreiner, & Schaufeli, 2001).A l’heure où les technologies de la communication et de l’information (TIC) s’imposent dans les rapports professionnels, induisant alors de nouveaux modes d’organisation du travail (Cascio & Montealegre, 2016), donnant une part belle à l’autonomie et la flexibilité du travailleur, la perméabilité des frontières entre vie professionnelle et vie privée est questionnée (El Wafi, Brangier, Zaddem, 2016). Nous proposons ainsi d’élargir la compréhension du burnout en y intégrant la gestion des frontières dans et entre les temps de vie professionnelle et privée comme facteur potentiellement explicatif. La gestion des frontières peut s’entendre dans le travail réalisé (préférence ou non pour l’alternance des tâches), au niveau de l’interface vie professionnelle – vie privée (frontières brouillées, préférence pour l’intégration vs segmentation des sphères), et au sein de la vie privée (capacité à récupérer ou non après le travail). Nos hypothèses sont que plus la gestion des frontières vie professionnelle – vie privée est complexe (préférence pour l’alternance dans les tâches, frontières brouillées, préférence pour l’intégration (vs pour la segmentation), et peu de stratégies de récupération mises en place après le travail), plus le burnout est présent. 2. Méthodologie Les participants sont 171 travailleurs (102 femmes et 69 hommes) d’un âge moyen de 36 ans (écart-type de 9 ans et demi), et issus de différents secteurs d’activité. Ils ont un diplôme d’au moins BAC+3 pour 80% d’entre eux. La recherche s’est déroulée par questionnaire en ligne, composé de diverses échelles validées : burnout (OLBI - Oldenberg Burnout Inventory; Demerouti et al, 2001), alternance des tâches (Preference for task switching; Rosen et al., 2003), frontières brouillées (Work-family integration; Wilson & Wagner, 2009), préférence pour la segmentation (Segmentation preference; Kreiner, 2006), récupération le soir après le travail (Psychological detachment et Relaxation; Sonnentag & Fritz, 2007).3. RésultatsLes analyses de régression, conformément aux hypothèses, ont confirmé le lien positif entre le manque de récupération (manque de détachement psychologique après le travail, et manque de relaxation après le travail) et le burnout. Par contre, contrairement aux hypothèses, il a été observé une absence de lien entre la préférence pour l’alternance dans les tâches, de même que les frontières brouillées, et le burnout. L’analyse des interactions entre variables n’a pas non plus montré de résultats significatifs. 4. DiscussionLes résultats éclairent sur l’importance de la qualité du temps de récupération le soir après le travail pour limiter le burnout, tout en rejetant l’idée d’un modèle de frontières qui, en soi, influencerait le burnout. Les implications pragmatiques concernent alors les stratégies personnelles, et potentiellement organisationnelles, à mettre en place, pour promouvoir une récupération de qualité le soir après le travail, indépendamment du modèle de gestion des sphères de vie suivi.