Résumé : De quoi le geste photographique est plein dans le paysage ? Pour répondre à cette question, nous employons une méthode résolument transversale en revenant à l’étymologie pour déployer non pas une manière de faire mais d’aller vers. Dans cette lancée favorable à une pratique et une théoriedu paysage puis à l’articulation de ces deux versants, la recherche épistémologique permet de décrire les fondements de l’instauration des dualismes, ces césures aux fondements de la modernité européenne d’abord instaurés par la projection perspective (cette manière tout à fait singulière de se représenter – mais aussi de rapporter – le monde) et sur lesquelles le paysage européen repose ; tandis que la recherche photographique vient éprouver nos arguments et in fine, mettre en abîme les conceptions épistémologiques dont l’outil photographiques’est in niment fait le relais dans le paysage. Nous montrons notamment que l’image photographique consomme la rupture du fossé dualiste : elle le fait matériellement aboutir en images et en épuise symétriquement sa possibilité théorique. En Islande, sur un terrain qui donne – du moins de prime abord – toutes les garanties d’une « pure nature », nous photographions des sites où il n’est visiblement plus possible de séparer nettement le naturel de l’humain, avec l’ambition de faire poindre, à la fois dans et par l’image, ce qu’il convient de nommer la fermeture épistémologique qu’annonce l’Anthropocène, un tournant géohistorique éminemment photographique.