Résumé : L’objectif principal de cette thèse a été d’expliquer les raisons du succès du poème en prose dans les revues littéraires belges du dernier quart du XIXe siècle ; en particulier, nous nous sommes penchés sur les périodiques les plus prestigieux de la période : La Jeune Belgique (1881-1897) et La Wallonie (1886-1892).La première partie du travail a été consacrée aux difficultés relatives à la délimitation du corpus en question. Sous ce nom, les auteurs de l’époque ont fait paraitre des œuvres très dissemblables et la critique académique qui s’est penchée sur la question n’est jamais parvenue à fournir une définition cohérente du genre. Nous avons mis en évidence surtout comment il n’existe aucune solution de continuité entre le poème en prose et ce que Bertrand Vibert a appelé dans ses études « le conte poétique » symboliste.La deuxième partie de la recherche s’est alors portée sur la délimitation du corpus et sur la description des formes, des thèmes et des motifs les plus récurrents. Les principaux auteurs dont nous nous sommes occupés sont Hector Chainaye (1865-1913), Charles Delchevalerie (1872-1950), O. G. Destrée (1867-1919), Jules Destrée (1863-1936), Maurice des Ombiaux (1868-1943), Arnold Goffin (1863-1934), Charles Van Lerberghe (1861-1907) et Émile Verhaeren (1855-1916). Dans la partie finale, nous avons vu pour quelles raisons ce genre a été aussi souvent pratiqué par des écrivains fraichement entrés en littérature ; accepté tant par les Parnassiens qui occupaient à l’époque le pôle dominant du champ littéraire, tant par l’avant-garde symboliste, le poème en prose apparaissait comme le choix stratégiquement le plus sûr pour parvenir à la consécration. Nous verrons que ce genre ayant déjà « fait date », ce choix n’a pas été toujours payant.