par van Noppen, Jean Pierre
Référence Editions Universitaires Européennes, Mauritius, Ed. 2
Publication Publié, 2018-08-04
Ouvrage auteur unique
Résumé : Le méthodisme a été stéréotypé par ses critiques comme la source d’un discours oppressif et réactionnaire imposé à un public illettré par d’insidieux procédés rhétoriques. La conviction qui semble sous-tendre de telles analyses est que le prétendu succès du méthodisme n’était pas la réponse naturelle et volontaire à un appel d’ordre spirituel, mais l’effet d’un endoctrinement systématique qui cherchait, par le biais de la religion, à entraîner les travailleurs dans un schéma idéologique conditionnant leur vision du monde et leur comportement, démarche cynique justifiée par des intérêts industriels, qui avaient tout avantage à disposer d’une force ouvrière soumise et obéissante. Bien qu’elle soit amenée à dépasser le cadre étroit de la linguistique au sens restreint du terme, l’analyse du fonctionnement du discours méthodiste dans ses nombreux aspects textuels et non-textuels permet de mieux comprendre la nature et l’étendue de l’impact du mouvement. L’analyse du discours qui constitue l’essentiel de cette étude montrera que, dans son stade wesleyen, le méthodisme mit au point un discours «multimédia» remarquablement efficace dans son approche des couches inférieures de la société, et que le succès rencontré par son message peut s’expliquer par les motivations et la réceptivité du public visé. En dépit des opinions conservatrices de Wesley lui-même (conservatrices au niveau politique mais anticapitalistes et révolutionnaires au point de vue socioéconomique), il semble peu probable que les wesleyens se soient livrés à une manipulation de masse inspirée par le grand capital. L’analyse critique permet toutefois d’observer que le discours de Wesley contenait les bases d’une éthique du travail susceptible d’être mal interprétée par ses contemporains et appliquée abusivement par ses successeurs. En effet, sous l’influence d’un embourgeoisement croissant, lui-même un effet secondaire de cette éthique du travail, certains mouvements post-wesleyens abandonnèrent progressivement la perspective évangélique de Wesley, et peuvent dès lors être soupçonnés d’avoir soutenu, bien qu’indirectement, les intérêts du capitalisme. Mais il serait injuste d’accuser sans discernement les Wesley, et a fortiori le réveil méthodiste tout entier, d’une volonté de manipuler délibérément les masses ouvrières.