Article révisé par les pairs
Résumé : Les familles « mixtes » des migrants philippins en Belgique offrent un terrain d’étude intéressant d’un point de vue empirique car les Philippines sont un pays multilingue où sont actuellement parlées plus de 100 langues différentes, tandis que la Belgique est quant à elle un pays plurilingue divisé en trois communautés linguistiques. Du fait de ces contextes sociolinguistiques pluriels, on peut s’attendre à ce que les couples belgo-philippins adoptent un comportement ouvert vis-à-vis de la question de la transmission linguistique. Est-ce vraiment le cas ? Quelles pratiques linguistiques observe-t-on dans ces familles ? Dans quelle mesure ces pratiques affectent-t-elles les enfants ? Analysant les données recueillies à travers des observations participantes et des entretiens des membres des familles belgo-philippines, le présent article montre que les interactions des facteurs macro-, meso- et micro-sociaux à différents niveaux de la vie des familles belgo-philippines se traduisent par des pratiques linguistiques plurielles au sein de leur foyer, ce qui semble suggérer un comportement linguistique ouvert. De plus, il révèle que la transmission linguistique intergénérationnelle n’agit pas seule dans la construction identitaire des enfants de couples belgo-philippins mais s’imbrique avec d’autres processus sociaux, comme l’altérisation, pendant lesquels des « catégories de différences » se chevauchent, entraînant des expériences socioculturelles diverses.