par Benzagouta, Yasser ;Fantazi, Imane F.I
Référence Patrimoines et design d’expérience à l’ère du numérique" (5th Hyperheritage internation Séminar: 13/14/15-05-2018: Université Salah Boubnider)
Publication Non publié, 2018-05-15
Communication à un colloque
Résumé : L’avènement de la loi 98-04 relative à la protection du patrimoine en Algérie, soulignait un intérêt concret du gouvernement pour la patrimonialisation et la protection des biens patrimoniaux. Cette loi correspondait également à l’introduction des plans de sauvegarde qui en régulantles interventionsau niveau de sites désormais « protégés » avait un réel impact sur la structuration spatiale de ces lieux de vie. Ainsi cette démarche qui concorde avec un effort étatique considérable sur le plan financier et législatif, censé offrir un cadre propice au déroulement desopérations de restauration et de conservation, s’est concentrée en premier lieu sur la réhabilitation des aspects physiques de ces centres. Conséquemment, le mot « patrimonialisation » qui est promptementdevenu en vogue en Algérie s’intéressait peu ou prou à l’évolution spatiale de ces centres anciens ainsi qu’au contexte social dans lesquels allaient s’inscrire ces opérations de conservation. Dès lors, des tissus urbains vivants ont été propulsés en un champ d’interventions qui semblent marquées par une vision spatiale trainant certaines notions de muséification. Le cas de la médina de Constantine résume bien ce caractère naïf de la procédure. En effet, le centre historique qui a bénéficié d’un programme de restauration et de remise à niveau dans le cadre de l’évènement Constantine capitale de la culture arabe 2015,s’est transformé en un laboratoire pour une mise en application d’un règlement qui semble en décalage avec la réalité urbaine.Aujourd’hui, les projets relatifs à la manifestation, et qui devaient constituer un préambule pour les prochains chantiers prévus par le plan de sauvegarde, véhiculentune image désagréable auprès d’une population qui ne conçoit pas l’objectif de ces interventions. En réalité l’incompréhension qui entoure la majorité de ces projets semble trouver son origine dans la négligence de l’usager en tant qu’acteur de l’espace. Par suite et sans faire fi des aspects positifs de ces démarches, la réglementation semble toutefois se cantonner dans un cadre rigide obligeant les habitants à vivre/subir un environnement spatialsouvent éloignéde leurs pratiques. Ainsi les enjeux de patrimonialisation voués à des visions purement esthétiques semblent ignorer l’évolution de l’épaisseur culturelle et spatiale de ces lieux. Dans ce sens, ils favorisent une position du restaurateur démiurgique porteur de concepts qui ne sont pas dénuées de desseins pédagogiques.Le présent travail de recherche s’intéresse au rapport des habitants de la vieille ville de Constantine à leur environnement spatial. En orientant la réflexion sur l’impact des procédures de patrimonialisation, il aspire à questionner le rôle de l’habitant en tant que conso-acteur de l’espace. Dans ce sens une enquête qualitative sera sollicitée. Cette dernière sera appuyée par des relevés et des entretiens centrés sur la manière d’utiliser l’espace domicile et limitrophe, dans le but de lever le voile sur les usages populaires qui aspirent à redéfinir ces lieux, en s’interférant avec des procédés administratifs discrétionnaires qui soutiennent l’immobilisation du cadre spatial.