par Pelgrims, Claire
Référence BSI " Journée des Jeunes Chercheur.e.s" (6 mars 2018: Bruxelles)
Publication Non publié, 2018-03-06
Communication à un colloque
Résumé : Ma recherche interroge la tension entre les imaginaires de vitesse et de lenteur et pose comme hypothèse principale la continuité de celle-ci dans l’évolution des infrastructures de mobilité à Bruxelles. Depuis le milieu du 20e siècle, s’opère en effet une double dynamique de desserrement et de resserrement du tissu urbain agissant simultanément à différentes échelles. Le desserrement, d’une part, vise à détendre et relâcher le tissu urbain à l’échelle de l’agglomération pour y faire entrer les trois matériaux fondamentaux de l’urbanisme moderne définis par Le Corbusier : soleil, espace, verdure. Une large transformation du bâti et de la skyline répond alors à l’automobilité croissante. Souhaitant faire de Bruxelles le « Carrefour de l’Occident », les administrations publiques modernisent le réseau viaire afin d’augmenter l’accessibilité – et donc l’attractivité - du centre-ville et surimposent à l’ancien réseau de promenades un paysage de route - un roadscape - qui incarne l’imaginaire dominant de la vitesse. La dynamique de resserrement, d’autre part, s’immisce dans la promotion concomitante d’espaces ponctuels de destination - espaces de lenteur - qui forment ainsi l’aboutissement des parcours de vitesse. Elle vise la continuité du bâti pour constituer un paysage de la rue à l’échelle du piéton : un streetscape. La seconde moitié du 20e siècle est en effet marquée par la montée d’un imaginaire de la lenteur qui progressivement s’outille et se définit à travers différentes logiques composant ensemble une « grammaire de la lenteur ». Cette grammaire articule, dans une optique de resserrement urbain, des dispositifs de ralentissement des mobilités rapides, notamment automobiles, et des dispositifs d’accélération des mobilités lentes, notamment piétonnes, articulant esthétisation et fonctionnalité. Cette grammaire opère sur un territoire qui s’étend, redéfinissant ainsi les espaces de vitesse, de lenteur et de télescopages. La communication se propose de revenir précisément sur les logiques qui règlent cette tension au sein des infrastructures de mobilité régies par la ségrégation modale, (1) horizontalement par une internalisation dans l’environnement bâti des mobilités lentes mais aussi du parking : trottoirs sous arcades, galeries commerçantes, parkings construits, et (2) verticalement par une démultiplication des niveaux de sol : construction de viaducs, urbanisme sur dalles, mise en tunnel des transports publics, de la voiture ou des flux piétons. La communication attachera également une importance particulière aux différentes matérialités déployées dans les espaces de vitesse, de lenteur et de télescopages à travers le temps.