par Brogniez, Laurence
Référence Etudes germaniques, 72, 2, page (231-244)
Publication Publié, 2017
Article révisé par les pairs
Résumé : Cet article se propose d'étudier la référence aux grands peintres flamands du passé (Bruegel, en particulier) dans l’œuvre peint et écrit de James Ensor. Si les affinités entre l’œuvre picturale d’Ensor et la tradition flamande ont été bien mises en évidence par de nombreux historiens de l’art, le corpus de ses textes (lettres, discours, articles, etc.) mérite encore d’être interrogé sous cet angle. Dans ses écrits, le peintre se revendique en effet de ces glorieux ancêtres et construit sa posture d’artiste en référence aux « grands peintres flamands ». Bruegel, entre autres, apparaît comme une figure d’identification forte pour le peintre qui cherche à faire œuvre moderne, tout en s’inscrivant dans une tradition. Cette construction aura un impact sur les critiques de l’artiste, comme Demolder ou Verhaeren, par exemple, qui répercuteront, dans leurs appréciations sur le peintre, cette imagerie. Demolder ira d’ailleurs jusqu’à faire d’Ensor le héros fictif d’un de ses récits, le dépeignant en truculent peintre de l’âge d’or de la peinture flamande. On cherchera donc à étudier la légende que se construit l’artiste, non sans ironie, et son influence sur les discours critiques et la réception dont il fut l’objet.