Résumé : Cette thèse vise à mieux comprendre, au-delà des facteurs à la base du phénomène de la déperdition scolaire déjà étudiés dans les recherches antérieures, les politiques éducatives qui auraient conduit à ce même phénomène dans le contexte spécifique du Burundi. Sans prétendre fournir une réponse définitive à cette problématique et/ou avoir fait le tour de toutes les politiques éducatives burundaises ayant conduit à ce phénomène de déperdition scolaire traduit en redoublement et en abandon scolaire, nous espérons avoir apporté un éclaircissement sur les situations actuelles importantes. Il sied de préciser que la démarche méthodologique utilisée a intégré de façon complémentaire la collecte des données sur les politiques éducatives burundaises en rapport avec l’organisation des évaluations nationales au primaire et au secondaire et d’autre part, l’orientation des élèves en filières d’études et la gestion des écoles. Ainsi, le travail de terrain nous a permis d’identifier, d’analyser et de comparer les représentations de ces différentes politiques éducatives par les acteurs éducatifs burundais. En d’autres termes, ce sont les représentations disposées par ces derniers qui ont déterminé l’étendue des connaissances inférées sur le phénomène de la déperdition scolaire observé au Burundi. En effet, il est de prime abord constaté que bon nombre d’acteurs approchés n’ont pas suffisamment connaissance du contenu des politiques éducatives en rapport avec les évaluations nationales. Malgré cette situation, il est retenu de cette recherche que tous les acteurs éducatifs approchés partagent l’idée, mais à des degrés différents, que les évaluations nationales à la fin du primaire et du secondaire font partie des politiques éducatives à la base des phénomènes d’abandon et de redoublement scolaire. Outre cette observation, les résultats que nous rapportons dans la présente thèse mettent en évidence que ce redoublement n’est ni une solution pour les enfants qui ont des difficultés scolaires ni un moyen efficace de récupérer leurs retards.En outre, les représentations des différents acteurs approchés face à ce phénomène montrent clairement que malgré la politique du Gouvernement burundais d’implanter les collèges communaux (COCO) dans l’objectif de desserrer le goulot d’étranglement que constituait le passage du primaire au secondaire, ces derniers ne sont pas venus répondre aux aspirations et attentes des parents et des élèves. Il est constaté que ces collèges sont différents des autres types d’écoles sur leur mode de gestion qui les rendent souvent mal appréciés (par exemple ces écoles qui gardent la dénomination du mot « lycées »). En réalité, à la fin du trop commun et des humanités générales, les élèves doivent choisir eux-mêmes les écoles et les sections d’orientation. Néanmoins, les comités d’orientation ne respectent pas toujours les choix opérés par les apprenants eux-mêmes. Sur ce, certains élèves sont obligés de fréquenter des sections qui ne sont pas de leur choix et cette situation est vécue comme une forme d’échec de leur part. Nous apprenons également des acteurs éducatifs approchés que certaines écoles qui apportent une plus-value (les plus réputées), organisent des sélections à l’entrée. Ce sont surtout ces types d’écoles qui offrent des enseignements de hautes qualités qui attirent les élèves issus des familles riches même si les frais sont exorbitants. Ceci sous-entend qu’il y a une autre catégorie d’élèves issus des familles pauvres, incapables de payer des frais scolaires dans ces écoles réputées ou privées, qui doivent fréquenter les écoles qu’ils ne préfèrent pas.Il est alors urgent de trouver des solutions idoines pour mieux améliorer l’orientation de la politique éducative en vigueur dans l’objectif de pallier au phénomène de la déperdition scolaire. Cette recherche servira de base pour des actions immédiates et aussi de guide pour d’autres études ultérieures de plus grandes envergures dans le système éducatif burundais et d’ailleurs. Les recherches ultérieures sur des thématiques laissées à marge par le présent travail pourront aider à éradiquer le phénomène de la déperdition scolaire au Burundi. Si alors pas mal d’enquêtés croient aux recommandations émises, le croisement de leurs regards sur ce phénomène montre bien que l’Etat est le premier responsable dans leur mise en application. Ils pensent en outre que les autres partenaires de l’éducation devraient exercer de fortes pressions au Gouvernement pour qu’il améliore sa politique éducative en éradiquant surtout le phénomène de la déperdition scolaire.Mots-clés : Politiques éducatives - Gestion des écoles - Evaluation nationale - Déperdition scolaire - Abandon scolaire - Redoublement scolaire.