Résumé : Cette thèse est consacrée à l’étude du positionnement des partis politiques nationaux vis-à-vis de l’intégration européenne ; ce qu’ils pensent de cette dernière sous sa forme actuelle ainsi qu’au sens large, du projet européen dont ils se font les porteurs. Bien qu’importante, la littérature consacrée à ce sujet reste à ce jour influencée par l’axiome selon lequel l’ensemble des positionnements possibles peuvent être identifiés le long d’un axe unique opposant supporters et adversaires de la cause européenne. Dans les faits, une telle lecture a pour conséquence d’aboutir à des classifications confuses, voire erronées, des rapports partisans à l’Europe. En particulier, celles-ci s’avèrent incapables de surmonter le problème de l’existence d’orientations politiques divergentes dans le chef des partis en fonction de la nature des enjeux européens évalués.À partir de la définition du soutien politique telle que théorisée par David Easton, cette thèse rompt avec le reste de la littérature en faisant le choix de décomposer systématiquement la nature des positionnements partisans à l’Europe. En particulier, une triple distinction est introduite entre le rapport à i) la Communauté européenne, à savoir le projet et les valeurs qui doivent la sous-tendre, ii) le régime institutionnel de l’Union européenne, c’est-à-dire la nature du processus décisionnel qu’ils souhaitent voir se mettre en place à l’échelle européenne ; iii) la gouvernance européenne, soit les décisions de politique publique qui devraient être prises à l’échelle européenne, ainsi que leur orientation politique. Théoriquement, ce choix est élaboré au travers de la constitution d’un modèle original de l’étude du soutien politique vis-à-vis de l’intégration européenne, construit sur une grille d’analyse comportant un ensemble de vingt-cinq variables ordinales. Empiriquement, le modèle est testé sur une trentaine de partis répartis entre la France, la Grande-Bretagne et la Belgique de 2001 à 2014. Dans chaque cas, l’analyse repose sur une collecte de données propres, extraites des programmes européens des partis considérés ainsi que, dans chaque pays, les débats parlementaires entourant la ratification des traités européens au cours de la période. Une fois les principaux résultats d’analyse croisés, une observation transversale des similitudes et des divergences constatées entre partis est opérée pour construire une typologie originale et exhaustive des rapports à l’Europe organisée sous la forme d’une matrice intégrée. Sous sa forme simplifiée, celle-ci amène à l’identification de onze idéaux-types dans le positionnement des partis politiques nationaux vis-à-vis de l’intégration européenne. Cette liste détaillée constitue l’aboutissement de cette recherche. Facile à appréhender, la classification que propose cette thèse constitue un outil d’analyse efficace, tant sur le plan conceptuel que sur le plan opérationnel, qui s’adresse non seulement aux experts de l’intégration européenne, mais aussi plus largement au grand public. Simple à l’emploi, elle ne renonce pour autant pas aux objectifs de sophistication qui ont amené à son élaboration.