par Pelgrims, Claire
Référence Colloque Micm-ARC "Quand on sort en ville : culture, divertissement et débauche dans l'espace urbain (XVIIIème - XXIème siècles)" (18 & 19 mai 2017: Bruxelles, Université libre de Bruxelles)
Publication Non publié, 2017-05-18
Communication à un colloque
Résumé : La seconde moitié du 20e siècle est souvent associée au processus d’accélération globale qui inclue une accélération des déplacements. Cela tend à occulter la tension continue qui s’opère avec un imaginaire de la lenteur. Entre 1950 et 1990, s’opère à Bruxelles une large transformation du bâti et de la skyline pour répondre à l’automobilité croissante. Souhaitant faire de Bruxelles le « Carrefour de l’Occident », les administrations publiques surimposent à l’ancien réseau de promenades un paysage de route, un roadscape, qui incarne l’imaginaire dominant de la vitesse. A la même période, se développe parmi les habitants et les politiques un imaginaire de la lenteur qui tend à l’utopie. Progressivement cependant, une part croissante du centre-ville est transformée en zone (semi-)piétonnière. Cette évolution culmine en 2015 avec la création d’un des plus grands piétonniers d’Europe. Je propose d’aborder cette évolution à partir des représentations des infrastructures de mobilité dans les films (au sens large) afin de nourrir la réflexion sur cette tension entre imaginaires de vitesse et de lenteur. A travers cette recherche, il s’agit d’établir le rapport entre l’espace réel et la dimension imaginaire en investiguant le terrain (infrastructures de mobilité), le sensible (récit, espace narratif) et l’image (espace diégétique) au croisement desquels se révèlent les fondements imaginaires. En comparant ainsi chronologiquement et spatialement l’évolution de ces trois composantes, l’analyse révèle deux espaces différentiés : (1) autour de la Grand-Place et (2) les boulevards centraux. Le premier espace est représenté comme un espace piétonnier dans les films bien avant les changements de régulation et le réaménagement progressif de l’espace en ce sens. Tandis que le second continue d’apparaitre comme un espace de conflit et de télescopages entre mobilité lente et rapide.En conclusion, une tension entre imaginaire de vitesse et de lenteur continue d’exister dans cette période d’accélération. Dans le redéveloppement du centre-ville de Bruxelles, se créent des dissonances spatiales et temporelles entre les différentes incarnations de l’imaginaire de lenteur dans le terrain, le sensible et l’image.