par Radermecker, Anne-Sophie
Référence « La prescription culturelle en question / Investigating Cultural Expertise » (05-07 avril 2017: Dijon, Université de Bourgogne-Franche-Comté (UBC))
Publication Non publié, 2017-04-06
Communication à un colloque
Résumé : Le marché des Old Master Paintings - dit ‘marché de la connaissance’ - offre un cadre analytique opportun pour interroger la prescription culturelle appliquée au marché de l’art classé, dès lors que ce segment engage dans une relation réciproque trois champs distincts : 1) le secteur marchand, le milieu académique (recherche, expertise) et 3), le public du marché. Particulièrement concernés par les récentes avancées scientifiques en matière d’authentification des maîtres anciens, les acteurs du marché ont été contraints de se tourner vers des méthodes de cataloguing plus sophistiquées en vue de réduire l’asymétrie d’information et l’incertitude autour d’une production de qualité variable, dont la faible représentativité sur le marché (4% en 2015) témoigne du désintérêt croissant de la part du public. Cette professionnalisation du marché, corollaire au progrès de la recherche en histoire de l’art, pose néanmoins question sur la faculté de ce dernier à gérer et à promouvoir ce patrimoine, dans un contexte de raréfaction des chefs-d’œuvre anciens. En tant que gatekeepers du marché de l’art, les maisons de ventes ont pourtant longtemps contribué à former un public d’amateurs et de collectionneurs au goût d’une époque. Au 21e siècle, dans un contexte où les normes traditionnelles d’appréciation de la qualité artistique ont été bousculées par l’avènement du paradigme de l’art contemporain, il convient de s’interroger sur la manière dont les prescripteurs du marché se positionnent vis-à-vis de la peinture ancienne. A partir d’une recherche empirique qualitative (analyse de corpus) portant sur un échantillon de notices de catalogues publiées en 2015 par deux maisons de ventes internationales, cette communication entend étudier les mécanismes de récupération du discours scientifique par le marché, à des fins croisées d’éducation et de prescription, en concentrant les recherches sur les œuvres flamandes, toutes catégories d’attribution confondues. L’attention portée à ces mécanismes permet de soulever l’existence de critères normatifs régulant les valeurs diffusées par et sur ce segment, lesquels favorisent une meilleure appréhension de ce que les institutions du marché tendent à prescrire auprès des consommateurs. Le comportement des destinataires sera quant à lui observé en s’appuyant sur l’hypothèse selon laquelle, le prix qu’un acheteur est à même de payer pour une œuvre, témoigne de la valeur qu’il lui confère. Les résultats de cette analyse tendent à démontrer que ce n’est plus tant l’œuvre elle-même qui est au cœur de la prescription mais, plus largement, un système de valeurs associé au nom de l’artiste, dont la pertinence en matière de peinture ancienne est pourtant de plus en plus relativisée par les historiens de l’art.