par Artois, Pierre
Référence 7ème Congrès de l'Association Internationale de Formation et de Recherche sur l'Intervention Sociale : "Solidarités en questions et en actes : quelles recompositions ?" (Du 4 au 7 juillet 2017: Montreal)
Publication Non publié, 2017-07-06
Communication à un colloque
Résumé : L’intervention sociale, notion par moment floue, regroupe traditionnellement l’ensemble des métiers du domaine social abordant les interventions sur et avec autrui. Ces différents métiers rentrent régulièrement en dissonance avec les professions canoniques et historiques du travail social. Pourtant, l’ensemble de ces différentes activités revêtent des formes d’instabilité et de redéfinitions larges, qui sont régulièrement abordées à travers la notion de professionnalisation.Nous considérons ce concept simplement comme un analyseur des rapports sociaux de travail puisque ceux-ci cristallisent en réalité les tensions du fait professionnel contemporain entre sens idéal et réel, résultant de conflits et négociations. (Artois, 2014). Autrement dit, l’analyse de la professionnalisation nous permet de saisir l’autonomie professionnelle, c’est-à-dire la faculté d’un groupe de travailleurs concernés à peser dans la définition de leur travail et de la formation liée à l’exécution de ce travail (Brint, 2006).Au sein du large champ de l’intervention sociale, le secteur de l’aide à domicile recouvre des activités qui existent depuis fort longtemps et ne dépassait pas les limites des liens de solidarité primaires. Par contre, l’exercice de cette activité dans un cadre professionnel est né récemment au sein de dynamiques associatives plaçant la solidarité comme une valeur normative professionnelle. D’ailleurs, au sein de ce secteur, l’aide familiale fait figure d’intervenante centrale, polyvalente, faisant le lien entre le pan médical et sanitaire de l’aide et le pan social, d’intégration ou de continuation à la participation à la vie sociale. De ce fait, ce secteur s’est construit sur base de valeurs liées à la solidarité, sacralisant ce principe pour en faire une logique d’action (Laville et Nyssens, 2001).Cependant, de nombreuses incertitudes « pèsent » tant sur le travail que dans le travail, générant des contradictions en termes de conception du travail. Le métier est effet ancré au sein d’associations en proie à des processus de rationalisation promus par des acteurs extérieurs.De plus, le travail d’aide familiale constitue un enjeu majeur face à la question du vieillissement de nos sociétés. Tout une série de discours laudatifs sur la professionnalisation a vu le jour dans le secteur et provoque des changements de conceptions au niveau des identités professionnelles, de l’autonomie au travail, de l’adéquation formation-emploi… À ces discours se greffe une série de dispositifs sensée « professionnaliser » les aides familiales.Bref, la question de la professionnalisation pour ce métier devient une question sociale vive, vu la spécialisation des activités qu’elle porte et les enjeux en termes de reconnaissance, différenciation des statuts, construction de collectif ou d’individus performants.Cette contribution a pour objet de questionner en quoi les modalités de professionnalisation influencent le rapport à la solidarité. Nous aborderons la problématique en deux temps :Le premier niveau d’analyse questionnera à partir des formations initiales et continues la construction identitaire de l’aide familiale et donc son rapport à la solidarité. Y a-t-il encore une culture de la solidarité? Quelles stratégies sont mises en place ?Le deuxième niveau se concentrera sur l’organisation associative. C’est à travers l’organisation du travail que nous questionnerons le rapport des entités au principe fondateur de solidarité. Favorise-t-elle une appropriation collective? Quelles logiques/réponses sont mises en place face aux politiques individualistes?Nous nous baserons sur nos recherches des 6 dernières années mobilisant un corpus lexical récolté parmi 412 questionnaires et approfondi au sein de 32 entretiens.ARTOIS, P. (2014). Les professionnalisations contemporaines. Bruxelles: Travail, Emploi, Formation.AVRIL C., 2014, Les aides à domicile : un autre monde populaire, Paris, La Dispute.BONNET M., 2006, « Le métier de l’aide à domicile : travail invisible et professionnalisation », Nouvelle Revue de Psychosociologie, n°1, pp. 73-85.BRINT S., 2006, « Saving the ‘soul of professions’: Freidson’s institutional ethics and the defence of professional autonomy », Knowledge, Work and Society, vol. 4, n°2, pp. 101–129.CAPELIER F., 2010, « Réformer la formation pour une plus grande reconnaissance du secteur social », Les cahiers dynamiques, Vol. 3, n°48, pp. 24-32.DUBAR C., 2004, La formation professionnelle continue, Paris, La Découverte, coll. Repères : 28.LAVILLE J-L. et Nyssens M. (dir.), 2001, Association, démocratie et société civile, Paris, La Découverte.